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Critique de Titine75


Le titre original du recueil de Kristiana Kahakauwila est « This is paradise », le titre de la nouvelle qui ouvre le livre et où elle montre l'envers de l'image idyllique que se font les touristes d'Hawaï. « Nous échangeons un regard, une bouffée de colère nous monte au visage. Nos familles gagnent à peine de quoi joindre les deux bouts, les promoteurs pillent nos terres et les vieilles compagnies sucrières contrôlent toujours notre accès à l'eau. Non seulement le paradis ne nous appartient plus, mais nous devons endurer le spectacle de sa destruction par des étrangers. » Mais le choix du titre français est tout autre, il met en avant la nouvelle la plus originale du recueil dont le titre serait en soi une bonne raison pour l'ouvrir. Kristiana Kahakauwila y dresse donc la liste des bonnes raisons pour boire à un enterrement : le sermon du pasteur, les pleurs des cousins, les histoires de famille, les coqs de combat qui chantent, les taties qui gavent les autres de desserts faits maison, etc… Cette nouvelle est un concentré des thèmes abordés dans le livre. Hawaï est à la fois américaine et polynésienne, traditionnelle et moderne, on y parle le pidgin (créole hawaïen) autant que l'anglais. Les locaux s'y méfient des touristes tout en sachant qu'ils participent grandement à l'économie.

Deux thèmes se détachent des six nouvelles du recueil : le rapport au père (ici, il y a beaucoup de secrets, de dissimulation qui protègent ou non les enfants) ; l'appartenance à Hawaï, la question des origines. Les deux thématiques peuvent s'entrelacer, que deviennent les relations familiales lorsque l'on quitte Hawaï pour un autre état ? L'autrice capture avec intelligence et talent les différents aspects de son île, la beauté et la précarité des relations humaines.

Avec empathie et un grand talent d'observatrice, Kristiana Kahakauwila parle des tiraillements d'un peuple qui ne cesse de questionner son identité. Ses nouvelles sont touchantes, drôles, parfaitement maitrisées. Il faut saluer également le travail de la traductrice, Mireille Vignol, qui a oeuvré pour conserver l'originalité du pidgin utilisé dans les nouvelles.
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