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Critique de LisaGiraudTaylor


Quel roman ! Quels moments épiques, romanesques, lyriques ! Quelle beauté d'écriture !

Les premières pages du roman s'ouvrent sur l'arrivée nocturne du père et de sa fille, blottie (cachée) au fond d'une carriole qui contient leurs peu d'effets personnels, comme un exode honteux.

Nous sommes en Autriche, en 1940. Ferdinand Goldberger, chef de section du parti nazi, quitte précipitamment l'exploitation familiale avec sa fille Martha (on dira qu'il est exfiltré !)…
Pendant que son fils, Ferdinand aussi, est au front.

Ils traversent le village de Rosental puis prennent possession de la ferme qui leur a été attribuée par le Gauleiter (genre de préfet politique, économique, social nazi) en compensation de la perte de leurs biens. Seul témoin de leur arrivée, le jeune Franz, simple d'esprit qui n'arrive pas à formuler au villageois qu'il a vu, compris ou senti de la situation d'arrivée. Incapacité qui se poursuit pendant tout le roman… Cette incapacité à parler, formuler, s'exprimer.

Lilas Rouge est principalement la chronique d'une famille marquée par les non-dits et la culpabilité du père, à l'image de l'Autriche qui est marqué au fer rouge par son passé nazi.

Cette culpabilité tue, exacerbée par quelque malédiction va pourrir inexorablement sa descendance et s'insinuer tel un poison dans les relations familiales symbolisée par le parfum riche et puissant des lilas, fleurissant chaque année au printemps, et accompagnant, inlassablement, chaque protagoniste.

Un livre écrit dans une langue précise et superbe qui tient en haleine ; de descriptions incroyables en langueur et lenteur, des répétitions des évènements sur des générations pour marquer l'empreinte au fer rouge de la faute du grand-père ; ces non-dits, ces omissions, cette obsession du pouvoir matériel sur la raison, le bonheur, le malheur, les sentiments... la vie, même.

Le paysage se déploie, au fil des saisons, immuable, à la folie des hommes et de leur incapacité à vivre heureux.

Pour moi, l'auteur s'en prend aussi aux idioties de certaines croyances religieuses qui absout toute responsabilité de deux prières et quelques génuflexions. (faute avouée à demi-pardonné, tu avoues, je te pardonne, et tout va bien !)…

Un bijou absolu !
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