Ce tome d'introduction est une petite perle et fait partie des rares shojo/josei que j'ai lus avec plaisir... La couverture nous laisse deviner une ambiance à la Orange ou A Silent voice que l'on retrouve dès les premières pages ; il s'agit d'un titre à la frontière entre shonen et shojo. Si l'on y retrouve certes les éléments classiques d'une tranche de vie de lycéen, le propos central demeure incontestablement l'amour : la naissance du sentiment amoureux, l'amitié et ses difficultés, l'éveil à la sexualité, mais aussi la quête d'identité générale comme sexuelle et la découverte d'autres sexualités.
Ainsi, les préoccupations de Taichi sont familières et prêtent autant à sourire qu'à s'émouvoir face à de nouveaux sentiments que le jeune homme ne parvient pas à identifier correctement. Toutefois, les personnages que j'ai trouvés les plus intéressants car plus mystérieux (et pour cause, on en reparle très vite) sont Tôma et Itachi. Grands, beaux et très secrets sur leur vie sentimentale, à l'exact opposé de leurs meilleurs amis réciproques, les petits et apparemment émotifs Taichi et Futaba. Sauf que...
Sauf que ce sont finalement eux, et non pas les protagonistes, qui sont en marge et qui cachent un secret : leur homosexualité. Alors oui, au fur et à mesure de la lecture, ça m'est apparu évident et cousu de fil blanc. Tous les détails donnés quant aux pseudo-goûts de Tôma et ses réactions face à Taichi et Futaba nous sont présentés à travers les yeux de Taichi, qui élabore un raisonnement... Alors que le lecteur capte vite de quoi il en retourne réellement. Oui, c'est cousu de fil blanc et c'est peut-être un peu cliché de vouloir utiliser un personnage jusqu'ici parfait et donc vis-à-vis duquel on ne s'attache que peu... Mais ça fait du bien de vouloir lui donner cette profondeur et de vouloir changer les grosses ficelles du genre. C'est ce type de récits, plus complexes (plus plausibles ?) que les romances classiques, qui est prometteur et qui tente de faire avancer les choses. Je suis ravie que ce titre s'inscrive dans la mouvance, discrète et pourtant présente, des séries qui proposent d'autres sexualités, d'autres façons de raconter une romance, ou qui abordent par exemple l'homosexualité sans l'érotisme et les stéréotypes que peuvent avoir les yaoi. Là tout de suite, je pense forcément aux éditions Akata pour Aromantic (love) story, Éclat(s) d'âme ou Celle que je suis (et bien évidemment le Mari de mon frère, même s'il n'est pas axé vers le même public).
Pardon, je me suis un peu enflammée mais il fallait que ce soit dit ! Ce premier tome remplit donc pleinement sa mission et j'ai hâte de découvrir la suite, en espérant qu'elle soit à la hauteur des espoirs lancés dans ce volume.
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