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Critique de Fransoaz


Un homme, la soixantaine, entreprend un pèlerinage original: un retour aux sources de son enfance.

Chevauchant la vieille mobylette bleue de son père il trace une ligne entre le Nord Finistère, où il réside, et les montagnes de l'Isère où vit sa maman.

Laissant derrière lui les lueurs sécurisantes du phare de l'île Vierge il roule vers la lumière de l'étoile aux cheveux noirs. Cette étoile a aujourd'hui 84 ans et est confrontée aux soucis d'un nouveau déménagement: l'immeuble qui renferme quarante années de sa vie de mère, d'épouse, de femme va être démoli et rasé.

Ce lent voyage est nécessaire pour se recueillir, rassembler ses souvenirs , dire sa mère avant de la retrouver. Alors ce voyageur patient prend son temps, multiplie les haltes pour lui ou sa monture d'une autre époque, au risque d'arriver trop tard au rendez-vous.

"Te perdre, c'est le risque que je prends à vouloir suivre la marche lente des collines."


La traversée du pays est balisée par les souvenirs, les images qui lui reviennent par bribes: une mère courage aux nuits écourtées par les pleurs de l'un ou l'autre des quatorze enfants, une mère chagrin et inconsolable lorsque la mort emporte trois de ses enfants, une mère vindicative pour dénoncer "la retraite famélique" de son mari, une mère nostalgique de la vie en Algérie, sa patrie, une mère besogneuse devant sa machine à coudre, prévoyante et nourricière lorsqu'elle remplit les placards de victuailles ou prépare la panse de brebis farcie et les gâteaux à la semoule.

"Boîtes de sucre entassées, paquets de thé, dont personne ne viendra à bout. ton congélateur empli jusqu'à la gueule. du beurre pour une colonie, du sel pour la mer Morte, de l'huile pour les beignets, les sardines, les boulettes de viande."

Son fils la cherche dans les paysages traversés, il assemble et met bout à bout ces morceaux de vie pour réaliser un portrait patchwork de sa mère.

« Je connais si peu de toi finalement. La cuisine, les tâches ménagères. Mais quoi d'autre ? L'essentiel et le doux, le bon et le tendre ?

Sa mère n'a fréquenté l'école que pour y faire le ménage, et les missives de son fils écrivain restent sans réponses. "Moi qui passe mon temps à remplir des pages, je ne peux t'en destiner aucune ligne, aucune salve de mots que tu liras seule, en tête à tête avec moi, et non par l'intermédiaire d'un tiers ".

Ils se connaissent peu, ne se comprennent pas toujours et ne partagent pas la même culture. Mais l'amour qui les unit se moque des mots et des paroles, il est intérieur et se révèle dans chaque mouvement de leur vie, dans chaque page de leur histoire.

"Tu me diras, je t'attendais, je t'attends toujours, écoute-moi un peu, c'est peut-être une des dernières fois".

Après avoir écrit Avec tes mains en hommage à son père, L'étoile aux cheveux noirs complète l'histoire familiale de l'auteur. C'est très émouvant de découvrir, à son tour, le portrait de la mère, femme digne qui donne une image respectueuse, d'elle et des siens, des deux côtés de la Méditerranée.

Un récit pudique empreint de tendresse et d'affection; le tour de France d'un fils à la recherche de sa famille à travers le prisme maternel.

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