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Critique de Sardine_B


Un manga né en 1977 de la collaboration de deux légendes du genre, le dessinateur Kazuo Kamimura et le scénariste du manga culte « Ashita no Joe », Ikki Kajiwara. L'histoire aurait dû se poursuivre mais la revue Apache qui l'édita s'arrêta rapidement. Reste donc cet unique « gekiga » (manga pour adulte) ou one shot  « pour public averti », à la fois violent et élégant dont il nous reste à imaginer la suite de l'histoire.

L'héroïne, Shôko Takano, est une « femme de Shôwa ». Ce terme désigne la période du règne de l'empereur Hirohito entre 1926-1989. L'histoire débute alors que le Japon vient de capituler et qu'il se retrouve sous occupation américaine. Suite à la disparition de son père et la mort tragique de sa mère, Shôko tente de survivre comme les 120 000 orphelins de guerre du Japon après la seconde guerre mondiale.

Dotée d'une force de caractère exceptionnelle, tel un félin qui sort les griffes, « Shôko le chat » se débat. Elle devient tour à tour chef de bande dans la rue, pensionnaire dans un centre de rééducation où elle contribuera à la métamorphose de Shinnosuke Yazaki, un jeune professeur et auteur en devenir surnommé « Mister Limace », puis au fil des pages et des années, geisha à son tour, avec un esprit de revanche toujours très fort.

Dans ce manga qui fait aujourd'hui figure de « classique, les auteurs jouent sur différents tableaux, à la fois l'art du raffinement et l'art de la retenue bien connus des japonais mais aussi la violence crue de certaines scènes de viols ou de tortures. La narration précise, littéraire de certaines séquences et à l'inverse l'art de l'ellipse ou de la suggestion pour faire progresser le lecteur.

En quelques 270 pages, c'est toute une part de la société japonaise et notamment de la condition des femmes que l'on découvre.

Les styles esthétiques sont également variés, traits fins à l'encre noire, photos retravaillées et aquarelles avec plusieurs niveaux de gris. le goût pour les lettres et la littérature (référence à Jean Cocteau) sont également un marqueur de ce mangas. Dans l'histoire, le jeune professeur Yasaki deviendra quelques années après l'épisode du centre de rééducation lauréat d'un prestigieux prix littéraire.

Enfin, quand on se plonge un peu dans la vie des deux auteurs, décédés l'un et l'autre prématurément, on ne peut que s'interroger sur ce qui aurait pu être la suite de leurs trajectoires littéraires.

Un manga bien passionnant à découvrir, n'en déplaise aux anti-mangas !
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