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Critique de mayim


Yonghye est une jeune femme sud-coréenne décrite comme banale. Elle mène une vie de couple sans passion. Un jour, elle fait un rêve et décide d'arrêter de manger de la viande. Comme ça, de manière soudaine et radicale. Et cela va même beaucoup plus loin. Elle cesse bientôt de s'alimenter complètement, de dormir, de s'habiller, de parler et souhaite devenir un arbre.

Le roman en trois parties rapporte les points de vue de son mari, de son beau-frère et de sa grande soeur face à cette situation. Je ne peux pas dire que j'ai aimé ou que je n'ai pas aimé ce roman. Il intrigue, pose beaucoup de questions et apporte peu de réponses, laissant de la place à l'imagination du lecteur. On peut le prendre de manière très poétique ou de manière plus intellectuelle, avec une réflexion sur la maladie mentale. Ça a été mon cas puisque j'ai eu l'impression de rester au bord du récit dans une position d'observation plus que d'implication émotionnelle avec les personnages. En tout cas, je n'ai pas du tout trouvé ce récit érotique comme j'ai pu le lire parfois. Je l'ai trouvé au contraire imprégné d'une grande violence, en particulier de la part des hommes.

Pour moi, ce livre interroge donc sur la maladie mentale, sur son impact sur les proches et leurs différentes réactions. le mari de Yonghye est principalement gêné par ses comportements détonants dans une société très formelle et des conséquences que cela pourrait avoir pour lui. Sa mère est à la fois en colère et inquiète pour elle. Son père ne comprend pas et ne peut réagir que par la violence. Son beau-frère a une fascination morbide et égoïste pour Yonghye. Il est obsédé par son fantasme d'artiste et ne pense qu'à l'utiliser dans ses projets. Enfin, sa soeur est dévorée par la culpabilité. Elle s'occupe de Yonghye et la déteste en même temps. Toujours, elle cherche le moment où tout a basculé.

Et puis, à certains moments, on pénètre le cerveau de Yonghye et sa logique interne. Sa peur profonde de devenir animale. Son désir implacable d'être un arbre, de vivre d'eau et de soleil. Sa présence particulière qui est une absence au monde. Sa folie déterminée qui la comble mais la mène progressivement vers la mort. Ce qui dérange, c'est qu'elle semble pourtant y trouver une liberté et une joie qui échappent aux autres personnages. C'est là, précisément, le point central du roman qui interroge.

Ce livre, pas très optimiste, comprend ainsi de belles pages sur la rencontre de trois mondes : celui des médecins et des diagnostics ; celui intérieur, profond et caché des malades psychiatriques ; celui de la famille tourmentée, perdue, disloquée dans le monde nouveau et inconnu de la maladie mentale qui remet tout en question.
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