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Critique de Blazzovsky


Dans quel monde peut-on vivre quand le fantastique et l'absurde ne sont même pas perçus comme tels et que chaque personne reste butée dans son aveuglement ? Sans doute le notre et c'est une grande tragédie.

Le coupable est l'histoire de Victor P., employé quelconque, père marié et peintre à ses heures perdues. Il se rend compte un matin qu'il commence à rétrécir. Si à travers le résumé, on peut sentir au départ un postulat d'origine fantastique en milieu réaliste qui donne un ton absurde proche de Gogol et de Kafka, on s'y écarte finalement assez rapidement pour laisser place à une vision de l'homme actuel: un homme lobotomisé par les (non) aléas de la normalité, la banalité du quotidien. Ça aurait pu être le roman d'une génération, une génération qui ne veut pas s'écraser et se faire petite pour entrer dans le moule du système: bullshit jobs, canapé, glace et série netflix. Une génération qui lutte et tente de préserver une idée de la beauté, mais cette génération n'existe pas.

Les successions de phrases courtes et percutantes dans lesquelles se déploient les différentes impressions des personnages me rappellent les coups de pinceau tout en hachures des impressionnistes avec leurs tonalités différentes, sans aplats, pour donner dans une impression de mouvement un perpétuel fourmillement des choses. Mais un impressionnisme dont le sujet tend vers un certain symbolisme: un personnage se laissant écraser par la vie finit par diminuer.

Je pense que la différence avec les auteurs précités est l'importance donnée à l'entourage du personnage principal qui remarque le rapetissement de celui-ci, mais en est indifférent. Ne trouvant la situation ni absurde ni fantastique et voulant même tenter d'en diminuer l'importance.

Je garderai la sensation que si la vie n'est rien et n'a presque pas de valeur pour certains, ce n'est pas pour autant qu'il ne faut pas leur montrer quelque chose de grand, de beau et de bien. Si une génération tout confort qui se perd dans la détente est prête à disparaître dans l'oubli, c'est à certains d'en être les témoins.
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