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Critique de mh17


mh17
25 décembre 2023
Ce recueil contient cinq nouvelles lyriques écrites à divers âges de la vie de Kawabata (1899-1972).

1.La danseuse d'Izu 1926 (Izu no odoriko) *****
Kawabata avait 19 ans quand il effectua seul un voyage dans la presqu'île d'Izu. Lors de son périple dans les montagnes autour du mont Amagi, il rencontra une troupe de théâtre itinérant. Cette rencontre a inspiré la Danseuse d'Izu, le premier chef d'oeuvre de Kawabata dont la version définitive date de 1926. Dans ce récit très pictural, tout en sensibilité, le narrateur est un jeune étudiant orphelin qui entreprend l'ascension du mont Amagi dans la brume. Il retrouve la troupe de forains déjà rencontrée à deux reprises. Les forains se produisent sur le seuil des auberges thermales et ont très mauvaise réputation. le jeune homme est troublé par la jeune fille de la troupe. Elle porte un lourd tambourin et l' invite à s'assoir devant lui. le lendemain, il la voit sortir du bain nue à travers la buée (voir citation). Les autres membres de la troupe l'accueillent avec gentillesse malgré leur pauvreté et le deuil d'un enfant. Cette nouvelle est pleine de charme, dominée par la jeunesse et la pureté des sentiments. A la fin le jeune homme éprouve du chagrin mais aussi de l'apaisement et de la compassion.

2. Élégie 1932 (Jojôka) . Voir le billet dédié au podcast« Nouvelle Élégie ». ****
La narratrice invoque l'amour éperdu pour l'amant disparu qui pourtant l'abandonna. Comment le rejoindre maintenant qu'il n'est plus ? A la complainte se mêlent par fragments les réminiscences de l'abandon de l'amant puis de la mort de sa mère qu'elle avait pressentis. Elle avait un don de voyance salué par tous et pourtant elle ne pressentit pas la mort de l'amant. Et puis elle fait part de ses des réflexions sur la métempsychose.
Elle ne croit pas à l'immortalité de l'âme. Elle choisit de s'inspirer des textes sacrés du bouddhisme qui sont aussi des chants élégiaques. Elle s'adresse au simple prunier vermeil, déjà chargé de boutons et placé devant elle dans le tokonoma. Elle ressent l'ardent désir de devenir une fleur sauvage. Les deux amants seront alors enfin réunis.

3. Bestiaire 1933 (Kinjû) ***
De 1930 à 1934, Kawabata donne des cours de littérature une fois par semaine à l'école Bunka Gakuin, non pas par goût mais parce que son ami et mentor Kikuchi y a été nommé à la tête du département de littérature. Les visiteurs de la maison de Kawabata sont étonnés de la petite ménagerie d'animaux dont il s'était entouré. Parmi eux se trouvent neuf chiens et un grand nombre d'oiseaux.
Le protagoniste est un vieux misanthrope qui suit un enterrement. Il évoque tous les animaux, chiens et oiseaux, qui moururent et qui naquirent chez lui avec une apparente indifférence. Sur le chemin du théâtre dans lequel joue Chikako, il se souvient de l'aventure qu'il avait eue avec celle-ci et dont l'animalité candide le fascinait. Elle semble avoir changé, à l'image du Japon.

4. Retrouvailles 1946 (Saikai) ***
La nouvelle se situe juste après la défaite japonaise en 1945 : un homme assiste à un festival dans un sanctuaire, en présence de soldats américains ; il renoue au milieu des ruines avec une femme qu'il avait connue avant-guerre. Seule, elle va le suivre et s'accrocher à lui.

5. La lune dans l'eau 1953 (Suigetsu) ****
Kyoko, une jeune femme se remémore avec tendresse son mari tuberculeux devenu infirme à qui elle montrait, dans son miroir à main la campagne et le jardin, le soleil levant et le reflet de la lune dans l'eau. La glace provenait de son trousseau . Autrefois avant guerre il observait sa nuque quand elle sortait du bain dans un miroir à trois faces et elle en éprouvait de la gêne. le miroir à main survécut à l' incinération du corps de son mari défunt. Quand elle se remarie elle n'a plus honte de sa nudité reflétée dans le miroir de la coiffeuse. Elle suppose que le désir de son mari défunt a agi sur elle, que le monde qui était réfléchi dans le miroir est devenu son monde réel...
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