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Critique de le_Bison


« le Lac », écrit en 1955, raconte la vie et surtout la déchéance de Gimpei, un professeur à l'esprit plutôt perturbé et aux pieds difformes. Ses pieds simiesques sont au centre du récit de Kawabata, fait courageux de la part d'un auteur d'amener le lecteur à regarder ses propres pieds à la recherche de difformité et de la moindre trace de mycose. Presque dégoutant s'il n'y avait pas la vue, la page suivante, de belles et jeunes (très jeunes) filles dont Gimpei s'éprend facilement. Avis aux vicieux dégoutants qui lisent ce genre de chronique, si la vue d'un champignon plantaire ne vous rebute pas, il reste la beauté corporelle d'une jeune naïade, à peine adolescente pour s'extasier. Et j'en connais que ça va intéresser, croyez-moi !

Certains diront que le roman est dérangeant car il peut entrouvrir une porte vers des moeurs immoraux, en la magnifiant et l'excusant, avec ce professeur, légèrement pervers, surement tordu, qui suit les jeunes filles dans la rue. Sans raison particulière, simplement parce qu'elle a jeté un regard vers lui, a lancé une oeillade en sa direction ou fait mine d'une irrévérencieuse indifférence. En s'amourachant d'une de ses collégiennes, l'infâme Gimpei va petit à petit s'étioler jusqu'à franchir la limite qui causera sa perte. A rechercher la beauté sublime, à suivre les jeunes inconnues, son esprit va se perdre dans les fantasmes et ne plus distinguer la réalité. D'ailleurs où se situe la réalité du fantasme ou de l'imagination. Difficile à déterminer pour le lecteur qui navigue en aveugle (le lecteur qui ferme les yeux pour ne plus voir ces abominables pieds) dans l'esprit du pauvre Gimpei. Pauvre ou infâme ? Perdu ou pervers ? Là-encore, il est difficile de se positionner et de prendre parti. Gimpei garde en lui l'obsession de la beauté et de la jeunesse et s'en va vieillir comme un vieux solitaire aux pieds difformes et repoussants. J'ose imaginer son épreuve si le besoin, par exemple dans un bain public ou un salon de massage, l'oblige à dénuder de ses pieds ses vieilles chaussettes sales et puantes.
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