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Critique de HundredDreams


J'ai lu ce livre sous le magnifique titre "Deux milliards de battements de coeur" que je préfère nettement à celui-ci. Plus de profondeur, de douceur et de poésie se dégageaient de ce titre. C'est vraiment dommage de l'avoir changé !

Ce petit roman parle de la mort et de ce que l'on laisse derrière soi quand notre vie s'achève.

« On comprend l'importance des choses quand on les perd… »

Que feriez-vous si l'on vous annoncez que vous alliez bientôt mourir ?
Penseriez-vous à cette fameuse liste des dix choses que vous aimeriez faire avant de mourir ?
Le narrateur a eu cette idée et comme lui, j'y ai réfléchi : visiter les pyramides d'Egypte, voir une aurore boréale, faire un safari en Tanzanie, plonger dans les eaux turquoise de la Polynésie française, m'inscrire aux Beaux-arts, écrire un album jeunesse, ...
Mais lorsque l'on relit cette liste, elle apparaît bien futile, vide. Tous ces beaux projets perdent de leur saveur si on ne les vit pas avec ceux que l'on aime. Car ce que l'on désire réellement, c'est partir avec de bons souvenirs, sans trop de regrets, et avec la conviction que l'on a été aimé et qu'on ne nous oubliera pas.

*
« Deux milliards de battements de coeur » est une histoire de perte, d'acceptation, de réconciliation.

« Sans crier gare, le côté droit de mon crâne s'est mis à me lancer violemment. Ma poitrine s'est resserrée, je ne pouvais plus respirer. Des convulsions terribles m'ont secoué. Mes dents s'entrechoquaient.
Alors, je vais vraiment mourir.
Non, je ne veux pas… »

Atteint d'une maladie incurable, un jeune homme d'une trentaine d'années apprend qu'il ne lui reste que peu de temps à vivre. Dévasté par le choc de cette nouvelle, il retourne dans la solitude de son petit appartement qu'il partage avec son chat Chou. Il réfléchit à sa vie, aux personnes avec lesquelles il aimerait renouer, à ce qu'il veut faire de ses derniers jours et dresse une petite liste de dix choses qu'il souhaiterait faire avant de mourir.
C'est alors que le Diable apparaît et lui propose un marché très séduisant pour lui octroyer plus de jours à vivre.

« Pour gagner quelque chose, on doit en perdre une par ailleurs. »

Au fur et à mesure que le récit progresse, le lecteur réalise que le pacte qui lie l'homme au Diable renvoie à des moments significatifs de sa vie.
Par flashbacks, des images et des souvenirs passés surgissent, recomposant la vie du jeune homme.

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Malgré le thème assez sombre, ce roman prête à sourire, baigné d'une douce lumière. Habillé de manière excentrique, le Diable, double de lui-même, apparaît sympathique, mais manipulateur. Normal, me direz-vous.

Cependant, malgré de très beaux passages, il m'a manqué plus de profondeur.
Le narrateur est un personnage assez commun, je dirai même presque fade. Plutôt égoïste et solitaire, il manque de relief.
Son chat a plus de contours, jouant un rôle important dans la prise de conscience de son maître. Réconfortant et chaleureux, le Diable lui a donné la parole, mais son côté gentleman « so british » ne m'a pas vraiment convaincue.

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Pourtant, j'ai trouvé que le récit gagnait en profondeur à l'évocation des souvenirs d'enfance du jeune homme.
Certains passages m'ont particulièrement émue, me rappelant certains souvenirs personnels encore éprouvants. Ce passage, en particulier.

« Maman, d'ordinaire si paisible, si gentille, qui m'avait toujours soutenu… C'était mon ancre dans la vie, ma boussole, c'était mon dernier bastion de quiétude. Et elle disparaissait. J'en perdais la raison. »

« On ne se rend compte de la valeur de chaque instant qu'à la minute où ils nous sont comptés. Je croyais sa présence immuable, je n'y accordais pas assez d'attention, et un jour, elle avait disparu. »

La simplicité du récit et de l'écriture cache de belles émotions et des réflexions sur soi-même, notre façon de vivre, les actes de notre vie qui comptent vraiment lorsque l'on en fait le bilan.

« Vivre n'est pas une fin en soi. C'est la façon dont nous vivons qui compte. »

Mais, là encore, l'auteur n'explore aucun thème en détail. Je pense que c'est voulu et c'est sûrement mieux ainsi : c'est au lecteur de faire son propre chemin.
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Je retiens également quelques idées très intéressantes. Par exemple, l'évocation de la futilité des biens matériels.
En fabriquant des objets comme les téléphones, les hommes créent un réseau artificiel de liens sociaux et une distance qui nous isole physiquement des autres. En fin de compte, la technologie moderne a un véritable impact sur notre vie sociale et nous éloigne de l'essentiel : nous-même et les personnes qui comptent pour nous.

« …les hommes passent leur temps à créer des choses, toujours plus d'objets, dont ils ne savent même plus s'ils en ont besoin ou pas. »

C'est ce que révèle le récit de cet homme, incapable de comprendre, d'écouter et d'échanger .
On comprend à travers l'expérience du jeune homme que le silence, les non-dits sont néfastes, engendrant l'amertume, la rancoeur. Au contraire, la franchise finit par renforcer les liens, à les rendre plus sains ou au moins se libérer d'une relation malsaine qui parasite notre existence.

*
« Deux milliards de battements de coeur » est un petit concentré d'ondes positives.

« … c'est un petit tour de magie ! Lorsque tu es triste, tu peux toujours le refaire, et autant de fois que tu veux. Il suffit de sourire, et de fermer les yeux… »

Court et simple, Genki Kawamura ébauche de nombreuses réflexions très intéressantes autour de l'amour et de la perte. L'auteur souligne l'importance de s'ouvrir aux autres, mais également de donner un sens à sa vie. Elles permettent de réfléchir sur notre propre vie, nos émotions, nos sentiments et nos projets futurs.

« Vivre n'est pas une fin en soi. C'est la façon dont nous vivons qui compte. »

Avec son lot de petits bonheurs, de peines et de tragédies, ce roman a été une petite parenthèse agréable entre deux lectures plus volumineuses.

« Et tout comme l'amour, c'est son impermanence qui la fait briller avec tant d'éclat. »

Je remercie BiblioJoy pour son billet qui m'a donné envie de lire ce petit roman.
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