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Critique de Arakasi


Dans une forêt de bambous, un adolescent fend l'air à coups d'estoc. Il a pour nom Ren Daiyan et rêve de jours glorieux. Il rêve du jour où la Kitai, le vaste empire décadent qui l'a vu naître, se relèvera de ses blessures. Il rêve du jour où les armées impériales marcheront vers le nord pour ravoir les Quatorze Préfectures perdues. Et avec à leur tête, lui-même, Ren Daiyan, quinze ans, fils d'un obscur archiviste d'une province retirée de l'empire. Car Ren Daiyan a un destin et, en ces jours tragiques où les barbares hantent les frontières de la Kitai et où la Cour impériale oscille au gré des querelles des puissants, ce destin est sur le point d'être révélé.

Sur la route de la gloire, il croisera nombre de personnages, comme la poétesse Lin Shan, femme brillante et sensible mais trop indépendante pour le monde étriqué de la Cour impériale. Il croisera également le premier ministre Hang Dejin, vieillard à l'intelligence féroce et au coeur impitoyable, hélas de plus en plus amoindri par les ravages de l'âge. Il croisera aussi les frères Lu, poètes et diplomates en exil. Il croisera même l'auguste empereur Wenzong, esthète mélancolique davantage préoccupé par la construction de son merveilleux jardin que par la bonne marche de son pays. Certains deviendront des alliés, d'autres des ennemis acharnés. Mais qu'importe : Ren Daiyan connaît son rôle et tiendra bon son cap pour l'accomplir. Et dans un an, dix ans, vingt ans peut-être, il traversera le fleuve Waï, portera la guerre dans les terres barbares et partira à la « reconquête de nos fleuves et nos montages ».

Comment diable ai-je fait pour rater la sortie de ce bouquin ? Ah, il est bien loin le temps où je guettais avec impatience l'édition de chaque livre de Kay, fouillant le web de fond en comble pour être sûre de l'acheter le jour même de sa sortie. Bien loin le temps où je pleurais toutes les larmes de mon corps pour la première fois sur la fin de « Tigane » ou les dernières lignes des « Lions d'Al Rassan ». Depuis, et mon petit coeur de fan saigne en faisant cette aveux, Kay m'a un peu déçue. Oui, ses derniers romans étaient d'excellente qualité. Oui, ils étaient débordants d'intelligence et merveilleusement écrits. Mais quelque chose manquait, une petite étincelle de magie et d'émotion peut-être, quelque chose d'indéfinissable mais de terriblement important tout de même, ce petit rien qui sépare un très bon roman d'un vrai chef d'oeuvre. Et – encore une fois je suis très marrie de l'admettre – ce n'est pas « le Fleuve Céleste » qui va changer la donne.

Pourtant ce roman avait tout pour m'enchanter : une période historique passionnante – à savoir l'Empire Chinois durant les invasions mongoles –, un style d'écriture toujours aussi délicieusement poétique et imagé, des personnages profonds aux motivations complexes et nuancée, principaux comme secondaires, un rapport à L Histoire et à son écriture toujours aussi fascinant… Et dans un sens, j'ai bel et bien était enchantée. J'ai été transportée dans un nouveau monde, un monde sur le déclin mais riche pourtant en émerveillements, un monde sublime et fragile comme un pétale de pivoine, fleur royale entre toutes. Mais si j'ai trouvé Ren Daiyan et Lin Shan attachants et intéressants, ils ne m'ont pas émue jusqu'aux larmes. Mais si j'ai lu ce roman avec un vif intérêt, je n'ai pas passé des nuits blanches calfeutrée sous ma couette pour le terminer plus vite. Il m'est même arrivé de trouver certains passages un peu longuets, avec la vague impression que l'auteur s'écoutait un peu écrire, opinion que j'aurais jugée blasphématoire à une époque.

Alors je m'interroge : est-ce moi qui ai perdu l'enthousiasme de mes vingt ans ou les romans de Kay ont-ils subtilement perdu en qualité ? Pourtant, j'ai relu « Les lions », il y a quelques années et, bon sang, c'était toujours aussi bon ! Si le meilleur de l'oeuvre de Kay est derrière lui, alors c'est bien triste… Mais je ne perds pas espoir et mise beaucoup sur son dernier roman, par encore sorti en français, qui, cette fois, nous transportera à Venise – une perspective très prometteuse et qui réveille ma vieille impatience d'antan. Continuez, monsieur Kay, j'ai toujours confiance en vous !
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