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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"When you're alone and life is making you lonely
you can always go downtown..."

Comment est-il possible que cette chanson de la pétillante Petula Clark - une invitation directe à la sociabilité - me donne toujours tant de spleen ?
J'ai beaucoup aimé le film tiré de ce livre; c'est la seule raison pourquoi cette couverture m'a attirée...
J'ai encore devant les yeux les deux "folles" qui la chantent pour remonter le moral de la troisième "folle"; celle qui commence à aller "mieux" juste pour réaliser que ça n'ira plus jamais...

C'est un roman autobiographique... sur la folie.
L'histoire date des années 60, tout juste avant l'éclatement de la période "rebelle" aux Etats-Unis. A l'instar de toutes ses amies, Susanna est censée de faire des études, pour se marier ensuite afin de les oublier - mais il se trouve quelle n'en a pas envie. Comme beaucoup d'adolescents, elle ne sait pas de quoi elle a envie et ce qu'elle attend de la vie; et plutôt qu'écrire une thèse inutile, elle préfère avaler les cachets...

"Une vie volée" n'est pas une très bonne traduction. le titre original est "Girl, interrupted" - à cause d'un tableau de Vermeer, "La jeune fille interrompue dans sa musique". Son regard dit que la musique l'ennuie; elle a envie de sortir de ce tableau.
Mais c'est de son plein gré que Susanna donne l'accord pour son internement au MacLean Hospital. C'est peut être la société qui "vole" la vie des jeunes, en les forçant de prendre les chemins qui ne sont pas les leurs ?
Susanna est intelligente, et elle s'interroge sans arrêt sur sa "folie"... peut-on se poser telles questions si on est vraiment une "folle" ?

C'est pour ça que le récit est intéressant...
Les moments de lucidité glissent parfois dans les obsessions des "durées" et des "trames", assez inquiétantes.
Le roman est fait de très courts chapitres, qui observent et analysent tout dans cet hôpital - lieux, infirmières, thérapies, médicaments, sorties, et, bien sûr, les amies...
Les filles comme elle, chacune sa galère - Polly, immolée par le feu, Cynthia l'anorexique, Georgina la schizophrène, et surtout Lisa - sociopathe, et fière de l'être !
Susanna est internée avec un simple "désordre caractériel" (je crois que c'est ce qu'on appelle de nos jours la personnalité "borderline"), et elle décortique souvent son diagnostique, pour essayer de comprendre ce qui la différencie de tant de gens "sains d'esprit".

Malgré le manque d'une suite logique dans les chapitres, ses réflexions forment une histoire cohérente sur la vie à l'hôpital, la vie en général, sur les amitiés qui peuvent exister en dehors du monde "normal", sur la folie, et la société... ou "la folie de la société" ?

Le film reprend le roman avec suffisamment de délicatesse pour ne pas retomber dans les clichés larmoyants d'Hollywood - il trouve un bon équilibre entre les moments légers, voire hilarants, et cette atmosphère lourde de l'hôpital psychiatrique.
La plupart de ces filles s'en sortent, mais elles ont du mal à oublier - oublier les médicaments ou la cellule d'isolement, peut-être - mais comment oublier une Lisa ou une Georgina ?

"So, when you're alone..."
Les accords sont faciles - C, Emi, F, G - et la chanson reste dans la tête.
Le livre aussi, mais un peu moins...
Toutes ces choses qu'on doit garder dans nos têtes...!
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