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Critique de andman


“La petite gare'' de Iouri Kazakov m'avait particulièrement enthousiasmé l'an dernier. Et puis voilà que dernièrement une grande dame, fervente admiratrice de l'écrivain soviétique, m'a fait cadeau de ‘'La belle vie”, un recueil de nouvelles écrites entre 1957 et 1963.

Trois phrases extraites de la nouvelle “Un automne sous les chênes” suffisent à rendre compte du prodigieux talent de cet auteur que d'aucuns considèrent comme la référence absolue en matière de condensé littéraire :

“Une contrebasse élégiaque murmurait dans la nuit, cherchant la ligne de son contrepoint, divaguant du grave à l'aigu sans trouver de solution, et son mouvement plein de lenteur me rappelait les étoiles. Le saxophone qui la suivait élevait la plainte, puis la trompette attaquait et réattaquait des aigus frénétiques, tandis que le piano insinuait parfois au milieu de tout cela ses apocalyptiques accords de quinte. Et, pareil à un métronome, pareil au temps qu'il divisait en rythmes syncopés, le batteur soumettait tout, comme par magie, à ses coups sourds et vides.”

Privé dès l'âge de six ans de la présence paternelle pour cause de goulag, Iouri Kazakov réussit néanmoins à assouvir sa passion pour la musique et l'écriture.
Malgré la terreur stalinienne partout présente, ses écrits ne montrent jamais la moindre accointance avec le pouvoir. On pressent chez cet homme de lettres le besoin vital d'échapper à l'ambiance étouffante de la capitale, l'envie de s'évader dès qu'il le peut vers les contrées sauvages du Grand Nord, le souci constant de ne jamais laisser croire qu'il cautionne le système en place.
Malgré les vents contraires de l'Histoire, Iouri Kazakov trouve dans la beauté de la nature toujours matière à s'extasier. Il n'a pas son pareil pour s'interroger sur cette sensation de liberté, sur ces petits moments d'euphorie qui vous tombent dessus sans crier gare.
Ce court extrait tiré de la nouvelle “Dans le brouillard” vous donnera un petit aperçu de son style enjoué :

“Je suis heureux !... se dit-il. Mais pourquoi comme ça, tout à coup ?”
Bon, l'amour, ça se comprend, la réussite, le succès, le travail, quand on sent que tout vit, que tout bouge, et rondement : c'est clair il n'y a pas à s'éterniser dessus. Mais que cela vous prenne sans raison, à un moment perdu, au milieu d'une vie désespérément terne, que cela vous éclaire ainsi, que votre coeur se mette à battre et que l'on se souvienne longtemps de ce jour… Que cette nuit était belle et quelle fameuse chose que la vie !



P.-S. : C'est un bien beau cadeau que vous m'avez fait là Nastasia, un témoignage d'amitié qui me va droit au cœur ! Je vous remercie infiniment de votre gentillesse ; “La belle vie” occupera désormais une place de choix dans ma bibliothèque.
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