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Critique de Nastasia-B


Asseyez-vous au creux d'un bon fauteuil, — moelleux, confortable. Emparez-vous de La Petite Gare — c'est un recueil de 12 nouvelles, exactement du gabarit de ceux de Maupassant. Ouvrez-le n'importe où, lisez n'importe quelle nouvelle et prenez plaisir.

Faites une pause à un moment et écoutez-vous pousser des petits couinements d'aise, sortez de vous même, imaginez-vous depuis l'extérieur et regardez-vous vous trémousser de bonheur à cette lecture.

Car la lecture, cela peut vraiment être ça, une pure gourmandise qu'on s'offre comme pour se récompenser d'un mérite imaginaire, comme on prendrait une bonne tasse de thé accompagnée de biscuits fins.

Quel régal ce Kazakov, quel artiste, quel artisan du verbe au savoir-faire impeccable ! Quel grand orfèvre des émotions, quel maître sommelier des relations infimes. Bref, douze nouvelles dorées à l'or fin.

On y parle d'amour : amours naissantes, amours avortées, amours potentielles. On y parle de nature : la forêt, la côte, la neige, les espaces. On y parle des gens, des gens vraies, pas héroïques, pas exceptionnelles dans aucune de leurs dimensions : des femmes jeunes ou matures, des enfants, des vieux, des hommes d'âge médian, des heureux, des malheureux. On y parle d'animaux de compagnie, de lieux d'habitation, de métier et le tout dans la Russie rurale de l'époque de l'Union Soviétique.

Et, le principal, c'est que toute cette nature, ces hommes, ces bêtes, ces lieux, ces activités humaines sont toutes en interaction les unes avec les autres pour former, — ça paraît idiot à dire mais pourtant je ne vois pas d'autre définition — l'essence même de la vie.

Iouri Kazakov développe une écriture très belle, à la fois onirique et sans fioriture. Il restitue tout l'esprit et toute l'âme russe, à la fois rudes, robustes, les pieds dans la terre, volontiers flamboyants mais aussi très empreints de poésie et de pensée magique.

En somme, un vrai chef-d'œuvre de subtilité et d'écriture ciselée, qui fut découvert et révélé à la France par Louis Aragon dans les années 1960 et que je compare à mille égards à l'écriture d'un John Steinbeck. Une bulle d'oxygène, une parenthèse à ne pas manquer pour s'extraire moindrement d'un quotidien pas toujours rose. Mais ce n'est bien sûr que mon petit avis, alors, Gare ! ce n'est peut-être pas grand-chose.
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