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Critique de Fifibrinda


Le ton du roman est donné dès le début : de retour des funérailles de Sir Roderick, le maître de Ballyroden, les domestiques préparent le nid de la tante Anna Rose, car la chère vieille dame semble vouloir nidifier (en novembre ! et pas au printemps, comme les autres fois !) … Ou comment traiter des choses graves avec légèreté – et l'inverse.
A peine rentré de la Seconde Guerre mondiale, Sir Philip, l'héritier, soutenu par sa cousine Veronica, reprend les rênes du domaine jusqu'ici géré avec une aimable insouciance et force crédits par son père. Son frère Hercules et sa soeur Consuelo vivaient à ses crochets mais, s'ils veulent sauver le domaine, les héritiers doivent imposer à leurs parents des économies drastiques : plus de champagne ni de biscuits, de courses ni de paris, mais un maigre argent de poche, tout juste une aumône. Et, horreur à peine imaginable pour ces hobereaux irlandais gâtés comme des enfants par leurs domestiques, on accueillera des hôtes payants ! Fi donc !
C'est ainsi qu'arrivent, avec un jour d'avance, trois Londoniens persuadés d'avoir échangé économies et rationnement pour l'abondance et le confort promis par ce manoir à la campagne : Eustace, habitué des salles de vente, sa soeur Dorothy, emmitouflée dans son vison, et sa nièce Yvonne, qui se passionnera bien vite pour l'agriculture …
Ces deux familles vont se croiser, s'affronter, se jalouser en un véritable vaudeville : Hercules et Consuelo, aidés des domestiques, veulent se débarrasser de ces hôtes qui viennent manger leurs biscuits et leurs oeufs, la tante Anna Rose, toujours réfugiée dans son « nid » cherche ses rubis depuis 50 ans, Eustace et Dorothy aspirent à des repas copieux et des chambres bien chauffées mais ne trouvent que nids de souris et lits humides, Yvonne et Veronica rivalisent pour un Philip qui ne rêve que de moissonneuses et de trayeuses. Tout cela dans un manoir glacé, aux toits percés, aux murs couverts de papiers peints moisis et de tableaux de maîtres, où l'on est bien content d'avoir un oeuf à se partager mais où le jardinier a un miroir Chippendale dans la cabane à outils.
A la comédie s'ajoutent l'enquête sur le passé de la chère tante Anna Rose et la chasse au trésor car ses rubis pourraient changer l'avenir de la famille, si seulement elle se rappelait où elle les a cachés, 50 ans plus tôt … Sans oublier la comédie de moeurs, portrait de deux générations obligées de vivre ensemble mais si différentes : les parents, insouciants et légers comme des enfants, grondés par leurs propres enfants, sérieux et travailleurs par nécessité. Tout cela est écrit avec beaucoup d'humour, de fantaisie, de tendresse pour des personnages attachants, et constitue une délicieuse lecture à savourer avec une « nice cup of tea » et des biscuits. Merci donc à l'opération masse critique de cet été.
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