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Critique de Biblioroz


Ma captivité chez les Sioux, publié en 1871, apporte une certaine vision de la colonisation qui prévalait au XIXè siècle. Celle-ci est très loin de celle de « Danse avec les loups ».

La famille de Fanny KELLY part de Geneva, sur la côte EST, vers l'Idaho, afin de changer de climat et d'y trouver la prospérité. Le groupe, formé au départ par Fanny, son époux, leur fille adoptive et deux domestiques noirs s'agrandit rapidement d'un Pasteur et d'un couple avec leur fils.
L'idée de ceux-ci est de faire cavalier seul, loin des longs cortèges d'émigrants. Goûtant aux bienfaits de la vie au grand air, en pleine nature sauvage, les voilà brusquement attaqués par les Indiens Oglalas.
Fanny et sa fille adoptive sont enlevées. Rapidement Fanny force cette dernière à s'échapper mettant tous ses espoirs dans les colons qui sont à leur recherche pour la sauver. Fanny se retrouve donc seule avec les Peaux-Rouges.

Peaux-Rouges, sauvages, barbares, c'est ainsi que les Indiens seront appelés pendant tout le récit. Leur mode de vie sera décrit dans un chapitre entier, de la construction de leur camp à leur pratique de la médecine, en passant par les rites funéraires et leurs techniques de chasse aux bisons. Toutefois, en filigrane, une condescendance omniprésente révèle le petit complexe de supériorité de l'auteure : leurs cérémonies délirantes, leurs coutumes barbares, leurs superstitions, leur malice, leur fourberie, leur passion pour les scalps…
Même lorsqu'elle constate l'harmonie parfaite entre la nature et le mode de vie des Indiens, lorsqu'elle comprend à quel point l'arrivée des blancs met cet équilibre en péril, elle se concentre en prières pour sa libération plutôt que d'avouer qu'ils pourraient mériter le respect.
La comparaison entre les vaillants colonisateurs et les misérables autochtones est manichéenne. Il y a les chrétiens d'un côté et les païens de l'autre. Les sauvages sont incurables : ils s'obstinent à vouloir vivre de la chasse alors qu'on leur propose des réserves et une formation à l'agriculture, quels ingrats ! Les soldats sont des gens merveilleux, attentionnés, des braves respectant leur parole, presque des anges.

Fanny va endurer beaucoup de violence, physique et psychologique. A chaque épreuve, elle trouve refuge dans sa foi. le récit de ses souffrances alterne étrangement avec l'émerveillement face à la nature. Cette nature est paradisiaque, il était temps que l'homme blanc vienne en profiter. Celle-ci est décrite de manière poétique avec une écriture riche, soutenue et agréable à lire.

Il y a une contradiction sur le dénouement de la captivité. Dans la présentation on parle de Sitting Bull qui libère la prisonnière alors que dans le récit elle est utilisée par les Indiens pour pénétrer dans un fort afin de l'attaquer. le doute s'installe sur la crédibilité du récit. Ne serait-ce pas un argumentaire pour étayer la demande d'indemnité qu'elle fera au gouvernement en dédommagement de sa captivité ?

Ce livre est hallucinant, je l'ai ressenti comme du racisme à l'état pur. C'est un plaidoyer pour la colonisation, un cautionnement de l'extermination des insoumis, un récit suprémaciste pas du tout déguisé.
Il est à lire, sous peine de ne pas pouvoir croire qu'un tel état d'esprit ait pu régner.
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