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Critique de thedoc


Dans les années 1990, Sandrine Kerion a 13 ans. Un soir, dans son quartier, elle pense voir des soucoupes volantes. Par la suite, elle est persuadée d'être une "contactée" et de recevoir des messages télépathiques de la part d'extraterrestres qu'elle retranscrit en écriture automatique.

Sandrine Kerion, c'est l'auteure de "J'ai vu des soucoupes volantes". Dans cette bande dessinée à la fois personnelle et documentaire, elle revient sur un secret - vraiment honteux pour elle, elle le dit plusieurs fois - qu'elle a gardé durant 25 ans : sa plongée délirante dans le côté obscur de l'ufologie - l'étude des OVNI - et des dérives conspirationnistes qui l'ont amenée à croire en l'existence d'un vaste complot mondial qui visait à cacher l'existence des extraterrestres.
Pour bien comprendre cette adhésion à des histoires totalement hallucinantes, l'auteure nous explique très clairement son environnement familial et social qui a contribué à développer ces croyances. Quand Sandrine avait 13 ans, sa vie était compliquée et elle était une adolescente mal dans sa peau. Ses parents se déchiraient, elle était le souffre douleur au collège et se sentait totalement à part. A la maison, son père se nourrissait de lectures ésotériques tandis que sa mère avait un temps suivi un gourou qui désormais la harcelait. On va donc dire que le terrain était plutôt propice pour qu'une adolescente comme Sandrine tombe sous l'influence de théories plus ou moins délirantes qui lui permettaient de croire en un autre monde où elle jouait un rôle valorisant.
Nourrie aux lectures ésotériques de son père, puis spectatrice des films et émissions télé des années 1990 mettant en avant complots d'états, théoriciens farfelus et faux reportages sur les extraterrestres, le tapis rouge était déroulé pour accueillir E.T. à la maison.
A l'âge de 15 ans, Sandrine Kerion finira progressivement de croire à toutes ces théories. Son esprit critique et ses doutes, ses lectures plus officielles et scientifiques l'aideront à y voir plus clair mais cette phase de désendoctrinement sera long et douloureux.
"J'ai vu les soucoupes" est le résultat de ses nombreuses recherches sur cette période de sa vie qui a une portée beaucoup plus générale et documentaire. En effet, l'auteure nous présente les origines de l'ufologie et ses dérives conspirationnistes - racistes et révisionnistes - et montre comment, finalement, toutes les théories complotistes se rejoignent sur leur mode de construction. Elle pointe également du doigt toutes les personnalités - charlatans, fous convaincus ou manipulateurs - dont les discours discréditent les recherches scientifiques sur la vie extra-terrestre. Mais si elle porte un regard lucide, distancié et mesuré sur ces croyances, elle cherche avant tout à témoigner pour prévenir.
"Si j'ai décidé de la raconter [son histoire] maintenant, c'est pour qu'elle soit utile à d'autres. Car je vois resurgir depuis quelques années des théories qui ont bousillé une partie de ma vie".
Témoignage courageux d'une endoctrinée qui s'en est sortie, "J'ai vu les soucoupes" est un véritable manifeste contre l'endoctrinement, dont les dessins épurés permettent de concentrer toute son attention sur son propos, juste et touchant.
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