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Critique de Gwen21


Même si toute guerre est meurtrière, la Seconde Guerre Mondiale se distingue des autres conflits par la Shoah, ce traumatisme profond qui continue à faire couler beaucoup d'encre, même parmi les écrivains contemporains. Quand on porte un regard objectif sur la production littéraire des soixante-dix dernières années, on constate qu'auteurs et public restent "fascinés" par l'extermination massive des Juifs par les Nazis.

Imre Kertész (1929-2016), écrivain hongrois juif, récipiendaire du prix Nobel de littérature 2002, est un survivant des "camps de la mort". Son roman "Etre sans destin" est un récit autobiographique écrit dans les années 60 mais publié seulement en 1975. Tout comme son narrateur, il fut arrêté, adolescent, à Budapest, puis déporté à Auschwitz et à Buchenwald. A travers le témoignage littéraire d'Imre Kertész, la fiction cède rapidement le pas à la réalité atroce et difficilement concevable des camps de concentration et d'extermination.

Bouleversant comme la grande majorité des récits sur la période, "Etre sans destin" tire son "originalité" non seulement de son caractère autobiographique poignant mais également du regard qu'il offre sur la Hongrie, une nation dont on parle peu en cours d'histoire et qui commit pourtant le crime de suivre Hitler dans son utopie politique et raciale. Aux côtés du narrateur, le lecteur vit l'expérience traumatisante de l'arrestation arbitraire, du manque d'informations, de l'impossibilité de comprendre la situation, de l'incapacité des victimes à agir pour leur libération et de l'engrenage infernal des jours de captivité.

A l'issue de la lecture, impossible de ne pas ressentir profondément les traumatismes du nazisme, ni de faire le lien avec les génocides actuels, que ce soit celui des homosexuels en Tchétchénie ou ceux qui frappent les Africains subsahariens. On pourrait penser que la Shoah, par son ampleur et ses séquelles, fut l'apogée d'une barbarie à jamais archivée mais force est de constater que l'Homme a la mémoire désespérément courte.

J'ai conscience que le mot "traumatisme" revient dans ce billet avec une régularité désespérante mais aucun autre terme ne me semble plus approprié à employer.


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