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Critique de PhilippeCastellain


Deux-cent critiques sur Babelio, voila qui se fête ! Avec une chronique un peu particulière, sur un livre avec lequel on entretien un lien spécial, par exemple…

Sortons dans la rue. Repoussez les maisons qui vous entourent loin, au-delà de l'horizon. Remplacez le macadam par une herbe drue s'étendant jusqu'à rencontrer le bleu cru du ciel. Écoutez, maintenant. Une rumeur monte. Peu à peu on distingue des cris, des hennissements, le tambourinement des sabots sur la terre. Et dans un nuage de poussière, surgissent les cavaliers… Épuisés, couverts de sueur et parfois de sang, leur troupeau mouvant se forme et se déforme au gré de violents mouvements. L'enjeu de leur lutte et de leurs souffrances ? Les restes informes d'une dépouille de mouton… Celui qui parviendra à la porter jusqu'au cercle tracé à la chaux remportera la victoire, et pendant des années son nom sera sur toutes les lèvres. Voici le bouzkachi.

Le héros se nomme Ouroz. Fils d'un ancien champion, lui-même champion, il compense son physique frêle par la ruse et l'adresse. Doté d'une fierté maladive et d'un orgueil surdimensionné, il résume ainsi son rapport aux autres : « ce n'est pas vrai que je n'aime que moi. Seulement, j'aime encore moins les autres. » Blessé à l'issu d'un tournois, humilié, il fuit l'hôpital et décide de rentrer chez lui sur son cheval, accompagné de son seul serviteur. Plusieurs centaines de kilomètres à travers la montagne, avec une jambe brisée dont il a arraché le plâtre. Peu à peu, un plan insensé et pervers germe dans sa tête pour rentrer chez lui la tête haute…

Quand on est un adolescent nul en sport et trop cultivé, la figure d'Ouroz et sa philosophie sont furieusement et bien trop fascinantes. La steppe immense et les montagnes lointaines deviennent un rêve. La pléiade de peuple qu'on découvre – pachtouns, hazâras, ouzbeks – est en elle-même un monde inconnu. Et les nuristanis et leurs idoles de bois et d'ivoire le sujet le plus frustrant qu'il soit, car il est impossible de trouver quoi que ce soit là-dessus, Kipling mis à part !

‘Les cavaliers' est une oeuvre magnifique, violente, dure. le cadre en est splendide, chargé de mystère et d'inconnu. le héros en est cruel, détestable, haïssable… Et fascinant.
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