Des fleurs pour Algernon

Troisième lecture pour ma part et je ne me lasse pas de ce chef d'oeuvre ! Oui, un chef d'oeuvre ! Parce que Daniel Keyes révèle un talent d'écriture si maitrisé qu'il s'adapte de façon extrêmement fluide à l'évolution de son personnage. Parce que son analyse de l'âme humaine est tellement juste et étendue ! Parce que c'est une ode à ces êtres méprisés par la société mais qui ont une autre sagesse, celle de la bonté et de l'innocence, celle de se satisfaire de menus plaisirs, celle de prioriser l'amour. Parce que c'est une critique de la recherche scientifique (les portraits des chercheurs qui n'envisagent que leur propre réussite en oubliant de considérer leur cobaye, qui tâtonnent et manquent souvent de données, sont absolument géniaux), en même temps qu'un éloge (Charlie est reconnaissant d'avoir vécu cette tranche de vie et souhaite que les scientifiques poursuivent leur travail). Parce que c'est enthousiasmant et déprimant en même temps, qu'on aime Charlie et qu'à un moment on déteste son attitude. Ce roman de science-fiction date de 1959 et est en même temps extrêmement moderne ; ce roman de science-fiction n'aborde des progrès possibles que sous le biais de l'humain et se rapproche donc plus d'un roman psychologique : il nous interroge d'ailleurs sur notre place dans la société, notre position par rapport à l'Autre. « Des Fleurs pour Algernon » est un des récits les plus complets qui soient.