AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Shork


Quand on referme certains livres, on sait qu'ils vont laisser une trace pour longtemps. Et pour moi, ce fut le cas de ce roman.

Rangé au rayon SF, l'histoire reste ancrée dans le réel, en apportant un unique élément d'anticipation : une opération chirurgicale expérimentale destinée à rendre intelligent un “adulte arriéré”.

Charlie Gordon, le cobaye consentant, est un personnage qui marque. Au début du roman, par sa bonté naïve et son orthographe approximative. Puis, par des changements fulgurants qui accompagnent l'augmentation spectaculaire de ses capacités intellectuelles. Enfin, les dernières dizaines pages sont tout simplement bouleversantes.

L'auteur utilise à merveille le journal comme vecteur de son récit. Charlie se confie à des fins de documentation scientifique. Et l'évolution de son langage, autant que ce qu'il nous raconte, est un indicateur du niveau actuel de son intelligence et de ses troubles.

J'ai beaucoup apprécié le travail nuancé sur le décalage entre intelligence et maturité émotionnelle du personnage, avec ce rapport complexe aux femmes incarnées par Alice et Fay. En quelques mois, Charlie vit de manière accélérée et exacerbée ce qu'un homme vit généralement lors de son adolescence, ce passage de l'enfance à l'âge adulte : d'une certaine forme d'insouciance à cette maturité parfois teintée de cynisme.

Le souvenir tient aussi un rôle crucial. L'intelligence accrue lui permet de revisiter des souvenirs enfouis. Ce nouvel éclairage, sans filtre, révèle tour à tour : les moqueries des autres enfants, la mesquinerie de ses collègues à la boulangerie, et surtout l'impact de sa tare sur le noyau familial avec une relation mère-fils torturée.

Je me suis surpris à ne plus pouvoir poser le livre, à tourner et tourner les pages tellement j'ai été happé par cette histoire à la fois captivante et poignante. Je n'oublierai pas de sitôt Charlie Gordon et Algernon.
Commenter  J’apprécie          171



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}