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Critique de Sachka


L'Olympe des infortunes est le deuxième roman que je lis de l'auteur. Ma dernière lecture remontant à il y a près d'un an avec l'audacieux Khalil.
L'Olympe des infortunes, un terrain vague, bric à brac de cailloux et de tôle, niché entre la mer et la décharge publique où vivent les opprimés, les laissés-pour-compte qui ont définitivement tourné le dos à la ville pour vivre à leur guise loins des diktats et du jugement de la société.
L'Olympe des infortunes, un petit bout de paradis pour "eux" qui ont choisi d'y vivre. Eux les clochards, les vagabonds, les mendiants, "les Horr" comme aime à les surnommer Ach le vieux borgne.
Junior, Négus, Clovis, Bliss, le Pacha, Aït cétéra, les frères Zouj, Pipo, Mama, Mimosa, Haroun, leurs sobriquets si joyeux chantent la vie mais détonnent avec la misère et la crasse dans laquelle ils vivent comme pour lui faire un pied de nez.
Ils ont foi en Dieu, ça oui, et il est souvent question de Dieu dans ce roman. Ils ont la conviction profonde "que la vraie liberté c'est de ne rien devoir à personne et que la vraie richesse c'est de ne rien attendre des autres."
Mais peut-on définitivement laisser derrière soi son passé, son histoire, sa famille ?
La survenue d'un étrange et singulier personnage répondant au nom quelque peu biblique de Ben Adam va semer le doute et balayer toutes les convictions du vieil Ach.

De son écriture touchante et abrupte parfois, tantôt poétique tantôt gouailleuse, Yasmina Khadra nous livre une réflexion profonde sur les travers de notre société, sur l'exclusion sociale et la pauvreté. Un récit contradictoire dont le titre résonne à nos oreilles tel un oxymore.

Il y a beaucoup d'amour dans ce roman. L'auteur nous dresse avec une tendresse infinie les portraits saisissants de réalité de ces hommes qui portent les stigmates de leur souffrance. Nous ne pouvons qu'être touchés par la relation bienveillante presque filiale qui existe entre Ach et son protégé Junior. Ils ont peut-être tourné le dos à la société mais certainement pas à l'amitié ni à l'amour.
Les dialogues sont savoureux, souvent ironiques, grâce à la répartie et à la verve railleuse du vieil Ach qui enseigne, telle une doctrine, les principes de vie des "Horr" à Junior (liberté et patrie revues et corrigées, chacun appréciera).

Ce roman m'a touchée en plein coeur. Tout le monde devrait le lire pour ne plus jamais détourner le regard (moi la première). Les statistiques sont imprécises mais ils seraient 700 000 en France à vivre dehors. Nous les rencontrons partout, dans la rue, dans les gares, dans les stations de métro, devant le supermarché, en bas de chez nous... Ils nous apitoient, ils nous font peur aussi parfois alors que finalement ce sont juste des hommes qui n'ont pas su, qui n'ont pas pu trouver leur place dans une société qui impose tant de normes et tant de codes.
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