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Critique de patachinha


Je découvre pour la première fois Yasmina Khadra avec L' Olympe des infortunes, et j‘ y ai pris beaucoup de plaisir. Ce roman me donne l' envie de découvrir ses autres titres.

Il aborde un thème qui m' est très cher, à savoir la question de l' exclusion et de la pauvreté. C' est un monde qui grouille en parallèle de notre société, que nous côtoyons si souvent sans qu' on prenne forcément la peine de s' arrêter pour regarder ce qui se passe de l' autre côté du fossé. Ils sont pourtant si visibles, mais personne ne les voit, c‘ est certainement plus facile de détourner le regard…

Yasmina Khadra a choisi l' abondance des personnages, tous plus particuliers les uns que les autres pour dépeindre ce monde d' incohérence et de solitude. Car si la majeure partie de ces laissés-pour- compte récuse la société dans laquelle il vivait, ses valeurs; ce refuge n' est autre qu' une micro-société, où l' oisiveté se dispute à la beuverie, aux railleries, aux bagarres, aux réflexions disparates sur un monde meilleur, à des gestes dépourvus de sens…


Ce livre nous fait poser beaucoup de questions, sans laisser de réponses claires. Qu' est-ce qui amène une personne dans la vie réelle à s' enfoncer dans ce milieu si obscur, si lointain, si inconcevable? Comment arriver à ne pas être miné par la folie et espérer un jour meilleur? A quoi, à qui s' accroche-t-on dans ces instants où on est seul face à soi même, face à ses échecs, face à une société qui nous rejette? Pourquoi préfère-t-on s' embourber encore un peu plus plutôt que de chercher secours dans la société dite individualiste? Car je ne crois pas qu' il n' y est qu' individualisme et égoïsme, parfois on tend la main et on ne récolte que mépris ou méfiance…


L' auteur a voulu je pense dénoncer ces gens abandonnés à leur sort, mais il donne aussi une vision très humaine des relations que ces indigents entretiennent entre eux. Il y a une sorte d' éthique entre ces compagnons d‘ infortune, bâtie sur une solidarité primaire et si touchante. Je me suis beaucoup rappelée du livre Dans la dèche à Paris et à Londres d' Orwell. Car on sentait vraiment qu' il existait une rivalité, une méfiance réciproque, en même temps qu' un soucis d' aider de façon désintéressée, aider son prochain dans la nécessité. C' est finalement beau et pas si utopique, dans le total dénuement on est capable du meilleur et du pire…

De tous les vices, triomphe finalement de belles valeurs, que les âmes aigries, noircies par tant de souffrances ne savent effacer.


Je dédie ce livre, même s' ils ne le sauront jamais à quatre personnes que je croise depuis des années et qui m' ont toujours intriguée. Une dame d' une quarantaine d‘ années, si souriante, qui dit bonjour à tout le monde, avec son gobelet, qui attend sagement devant chez André que quelqu' un s' arrête pour elle, ou simplement lui rétribue ce sourire si sincère.

Un monsieur d' une cinquantaine qui a ses habitudes devant l' Eglise Saint Maurice, et qui crie toujours bonjour madame! à tue-tête pour attirer l' attention. Un jeune homme d' une trentaine qui se plante fréquemment devant une boulangerie Paul, avec son petit chien, par jour de pluie, vent et même de neige. Enfin une dame de couleur que l' on croise le plus souvent à la Gare Lille-Flandres avec des habits tous plus improbables les uns que les autres, ses canettes de bière, ses chicots, sa bave, son regard hagard , qui n' a pas l' air d' avoir conscience d' où elle se trouve. C' est à ces gens que je pense automatiquement dès que l' on me parle de pauvreté. La ville est le théâtre de beaucoup plus de misères, elles sont plus visibles du moins. Si ces gens pouvaient s' imaginer que je pense à eux, ça ne leur avancerait à rien de le savoir au fond, ou peut- être que si qui sait? La satisfaction de ne pas se savoir invisibles, et de ne pas être si répugnants aux yeux d' autres humains …

 

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