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Critique de Acerola13


Un titre bien sombre pour ce roman de Mehdi Yazdani Khorram, traduit par la grande Nahal Tajadod, et qui s'ouvre sur un jeune étudiant iranien glissant sur une flaque de sang en route vers un cimetière de Téhéran, où il est chargé par des familles de psalmodier en arabe des extraits du Coran sur les tombes des défunts. Tout en rêvant d'un futur à Beyrouth, Mohsen débute son office sur les tombes de cinq frères, tous terrassés la même année.

Ce sont les vies (ou plutôt les morts) de ces cinq frères que raconte Nourri par le sang : jeune archéologue, militaire dans la guerre Iran-Irak, reporter photographe au Liban, jeune enamouré d'une étudiante marxiste, et le benjamin, au destin tragique.

En sus de ces tranches de vie iranienne, l'auteur distille une dimension fantastique déroutante, faisant dialoguer le présent et le passé par la présence malsaine de quelques spectateurs issus d'un autre temps : Saladin, un poète, et un esprit maléfique.

Cette juxtaposition et le style général du roman est donc étonnant de prime abord, voire rebutant ; il m'aura fallu une bonne centaine de pages pour vraiment accrocher. Mais une fois que l'on se fait à ces récits enchâssés, la narration paraît plus fluide, et l'on vient à en redouter la fin des chapitres, tous clôturés par la mort d'un des frères dont Mohsen arrose inexorablement la tombe d'eau de rose.

Un récit profondément déprimant, mais un beau témoignage de l'absurdité et des frustrations qui règnent en Iran, dont on découvre la jeunesse et sa fougue en temps de guerre, bien vite douchée par la religion et la mort, toujours à l'affût, comme le souligne l'auteur par ses « l'histoire regorge de… ». Nourri par le sang a aussi le mérite de conter l'Iran dans toute sa complexité, mentionnant les minorités arméniennes, les religions nombreuses et le passé chrétien révélé par l'archéologie, que l'on a parfois tendance à oublier.

Une lecture qui m'a beaucoup touchée, et dont le titre n'aurait pu être mieux trouvé.
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