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Critique de JIEMDE


Quand les fantômes de la guerre s'ajoutent à ceux de l'absence, à ceux de l'identité et à ceux du remords, comment continuer à vivre ? Si le thème n'est pas nouveau en littérature, Christian Kiefer – traduit par Marina Boraso - lui donne dans Fantômes un angle nouveau, en mettant en lumière le destin tragique des Japonais vivant sur le sol américain, pendant et après-guerre.

IIe guerre mondiale ; Vietnam : deux théâtres extérieurs d'opérations et deux retours compliqués pour deux soldats de Californie. Débarqué d'Europe, Ray Takahashi ne retrouve ni sa maison, ni sa famille japonaise, autrefois accueillie et hébergée par les Wilson, de gros cultivateurs locaux. Pire, il est chassé de chez les Wilson et encouragé à quitter la ville.

Vingt-cinq ans plus tard, c'est au tour de John Frazier de retrouver sa terre natale, marqué à vif par le bourbier vietnamien et cherchant dans l'écriture, l'hypothétique échappatoire qui le ramènera dans la vie réelle. le hasard d'une rencontre avec sa tante Evelyn Wilson va le remettre sur le chemin de l'histoire passée de Ray et de sa famille, et le lancer dans une enquête mémorielle sordide et émouvante.

Dans un récit déstructuré où les vies de Ray et John se croisent tout comme leurs angoisses respectives, Kiefer fait oeuvre de mémoire et dévoile le sort réservé aux résidents japonais sur le sol US dans les jours et mois qui suivirent Pearl-Harbor et l'entrée en guerre des États-Unis. Pour ceux restés au pays, l'internement dans des camps. Pour ceux enrôlés dans les troupes de l'Oncle Sam, l'indifférence et le rejet au retour. Comme un énième et insultant rappel que le sang versé ne vaut pas identité, ni nationalité.

Les fantômes de Kiefer sont protéiformes : cauchemars de guerre pour John ; souvenir d'un amour passé pour Ray ; absence du fils pour Kimiko, la mère de Ray ; remords d'un geste autrefois fait en conscience pour Evelyn. Mais quelle que soit leur origine, il faut vivre avec ces fantômes, « qui continuent à illuminer le ciel ». Vivre en mode « gaman », cette forme de stoïcisme qui tend à supporter ce que l'on ne peut maîtriser. Et apprendre à se pardonner comme le dit Kimiko à John.

Une belle découverte donc, même si comme souvent avec le Creative Writing qui fait la part belle à l'écriture créative et spontanée, j'ai encore un peu de mal avec ce style riche mais éparpillé. Mais ça m'interpelle et m'intéresse, donc je m'y adapte et m'y éduque.
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