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Critique de le_Bison


Alléché par l'odeur du Kimchi, je déambule dans les ruelles, étroites et sombres. Sombre et parfumée, cette nuit éclairée par la brillance d'une lune teintée de bleu, je m'engouffre derrière le rideau d'une devanture au nom si poétique : « le Jardin des Jujubiers ». Plat du jour : soupe de poulet aux jujubes. Une spécialité locale, comme les poils pubiens que l'on retrouve collés sur les baguettes. Après m'être réchauffé le corps, j'ai envie de réchauffer mon âme. La serveuse me propose de la rejoindre dans les petits pavillons d'à-côté. Je sens, je sais, que mon âme va jouir de cette nouvelle intimité. Bienvenue au Jardin des Jujubiers.

Yi-seol Kim, auteure que je découvre avec ce roman mais dont je connaissais déjà le nom puisque toutes les Corréennes s'appellent Kim (ou Anne), peint avec cynisme et crudité la place de la femme dans la société coréenne. Être une femme et une prostituée semble être une évidence dans l'univers très masculin de la Corée du Sud, et la réalité de ces femmes reste bien sombre pour leur avenir.

Les hommes sont soit des bons à rien, soit malades. Une plaie. Tu ne devrais pas avoir le cancer quand tu es pauvre… du coup, c'est la femme qui doit suer, jours et nuits, ce qui laisse peu de place aux sentiments, à la famille, aux enfants, ne parlons même pas du mari. D'ailleurs, ne pas se voiler la face non plus, les maris, ces incapables, prétextent des rendez-vous d'affaires alors que ces rendez-vous arrosés de soju sont souvent dans des endroits discrets de petites ruelles étroites et sombres, comme je les aime à emprunter, derrière des rideaux rouges avec des serveuses qui dévoilent leurs charmes dans des kimonos légèrement ouverts, laisse-moi lécher ton jus de jujubes mûres qui s'écoulent d'entre tes cuisses…

Il y a certains livres qu'on entre par hasard, comme une petite échoppe aux senteurs aromatiques ou une femme aux parfums enivrants de jasmin. L'alchimie reste un mystère, mais la communion opère avec le livre, le restaurant ou la femme. Les souvenirs demeurent impérissables, les effluves passionnées et passionnelles resurgissent du passé, et ce roman finalement est une merveille de crudité et la poésie du poil pubien dans la soupe opère dans mon univers masculin, parce qu'il est bien connu que les hommes en plus d'êtres des moins que rien ne pensent qu'à baiser, des femmes et des putains. Et puis, j'ai surtout appris qu'un sexe totalement épilé, c'est trois ans de malheur…
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