De nos jours, ne pas avoir de maîtresse pour un homme, c’est un handicap de sixième degré. Ça te dirait d’être la mienne ?
Un papillon nocturne me suivit à l’intérieur et alla se poser sur le néon. Quand l’homme commença à gémir, l’insecte se mit à battre frénétiquement des ailes contre le tube d’éclairage. Je portais déjà dans mon ventre un embryon issu d’un spermatozoïde dont j’ignorais l’origine et j’écartais encore les cuisses pour un inconnu que je regardais droit dans les yeux. Je tendis l’oreille au bruit paisible de la rivière. L’eau devait être presque tiède.
Voir un sexe sans poils, c’est trois ans de malheur, affirma le client. Quelle poisse !
Il arrivait souvent que les clients touchent à peine aux plats – pourtant coûteux – qu’ils avaient commandés. A force de voir des os de poulet tachés de rouge à lèvres, des poils pubiens flotter dans les restes de soupe, des mouchoirs en papier froissés traîner dans tous les coins, des préservatifs encore humides, et de devoir essuyer les traces de sperme sur les murs, j'en venais à me demander dans quel monde sordide je vivais. Dans ces pavillons qui aurait dû embaumer l’odeur succulente de la soupe de poulet aux jujubes, on ne respirait que les effluves écœurants de passions adultères et désordonnées.
"La pièce oú nous vivions était exposée à tous les vents, en hiver elle était trop froide, en été surchauffée, pas vraiment l'endroit idéal pour un bébé ....."
"A mes yeux ,un chef de famille qui non seulement ne gagnait pas un sou mais en plus coûtait cher n'était rien de plus qu'un criminel ."
A mes yeux, un chef de famille qui non seulement ne gagnait pas un sou mais qui en plus coûtait cher n'était rien de plus qu'un criminel. (p.166)
« La Nature ne nous déçoit jamais. Mais il n’y a pas plus grand menteur que l’Homme. »
A force de voir des os de poulet tachés de rouge à lèvres, des poils pubiens flotter dans les restes de soupe, des mouchoirs en papier froissés traîner dans tous les coins, des préservatifs encore humides, et de devoir essuyer les traces de sperme sur les murs, j'en venais à me demander dans quel monde sordide je vivas. (p.18)
Le sous-directeur de l’école primaire ne décrocha pas. Il ne fut pas le
seul. Aucun des autres clients que je voyais en dehors du Jardin des
Jujubiers ne répondit. En dernier recours, je téléphonai à mon patron. Il
m’abreuva d’injures et me raccrocha au nez. Je n’avais plus personne à
appeler. Nulle part où me réfugier. J’allai m’asseoir à une table vide devant
la supérette. Les autres étaient occupées par des buveurs. De l’intérieur du
magasin, la patronne me jeta un coup d’œil furtif. Je composai le numéro de
ma mère.
— Qu’est-ce que tu veux ? Il t’est arrivé quelque chose ?
Derrière elle, j’entendais des gens parler.
— Non, rien.
— Alors, laisse-moi tranquille, j’ai à faire.
Je n’avais jamais su m’y prendre pour poser à ma mère des questions du
genre : « Où habites-tu en ce moment ? De quoi vis-tu ? Tu t’intéresses à
tes enfants ?"
Au début, je m'étais bornée à me poudrer le visage, mais Jini m'avait fait remarquer que ça ne suffisait pas. A présent, j'étais capable de tracer un trait d'eye-liner d'une maine sûre. Comme quoi on s'habitue à tout.