AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de zofiamiu


Un peu après mon inscription à Babelio, j'ai eu l'occasion de participer à une Masse Critique et j'ai gagné J'entends ta voix, roman du coréen KIM Young-ha. Je remercie donc Babelio et les éditions Philippe Picquier :-)
Si j'ai choisi J'entends ta voix, c'est pour deux choses : son résumé et sa faible ressemblance avec tout ce que j'ai pu lire jusqu'à présent. Et en effet, ma lecture m'a confirmé que ce roman est vraiment très loin des mes précédentes lectures...
Jeï, enfant abandonné, est né dans les toilettes de la gare de Séoul. Naissance hors du commun pour un héros hors du commun. Recueilli et élevé par Maman-cochon, il va rencontrer Dong-kyu et vivre une enfance inhabituelle pour devenir à 15 ans, un vagabond errant parmi la jeunesse désœuvrée de Corée.

Quand on lit J'entends ta voix, on plonge dans une culture que l'on a peu l'habitude de voir ou de lire, on découvre un milieu populaire, pauvre, où une mère adolescente accouche seule dans les toilettes d'une gare. On suit parallèlement l'enfance de Dong-kyu qui raconte son histoire et celle de Jeï. Le début est immersif, poisseux et dur...
Globalement d'ailleurs ce n'est pas une histoire joyeuses mais l'écriture de l'auteur apporte un certain onirisme à l'ensemble. S'ils m'avaient accepté, j'aurais bien aimé retourner parmi eux. Quand on est triste, on éprouve tantôt une cuisante douleur, tantôt une amertume froide. Ce jour-là j'étais plutôt dans la deuxième disposition. Pourrais-je dire que mon cœur se couvrait de givre ? Alors que je le sentais se glacer, les larmes vinrent. Je montai le volume de mon MP3, et eux descendirent tous à la station suivante. De leurs mains qui formaient les signes, des oiseaux s'échappaient en battant des ailes. - p. 66
J'entends ta voix est un roman qui m'a fait une forte impression, montrant une jeunesse coréenne livrée à elle-même, violente, désabusée où des groupes de filles et de garçons vivent ensemble, s'échangeant les partenaires, perpétrant des viols collectifs ou se prostituant pour ramener un peu d'argent au groupe. Certains passages sont assez durs, l'auteur montre bien à quel point cette jeunesse vit dans une autre réalité.
Le récit est à plusieurs voix, et l'auteur alterne les narrateurs, montrant ainsi plusieurs faces d'une même histoire. Celle-ci se teinte de fantastique car Jeï est une personnalité à part, extrêmement sensible, il est une sorte de capteur à souffrance qui lui fait ressentir la douleur de toutes choses, humains, animaux mais aussi objets. C'est un héros inhabituel, une sorte d'icône, un gourou à moto qui va attirer derrière lui tous les jeunes isolés et abandonnés de Séoul.
Ce roman est finalement très social, les jeunes n'arrivent pas à se situer dans la société coréenne, se sentant rejetés par les adultes. Ces mêmes adultes qui cherchent à tout prix à leur faire payer le prix de cette place à part, on sent une société dysfonctionnelle, une société où il faut tout faire pour que tout le monde rentre dans des cases.
J'entends ta voix est un roman très intense, que je ne regrette pas d'avoir choisi, il m'a permis de découvrir une autre littérature, une autre culture, une autre réalité. J'ai peut-être parfois eu un peu de mal à entrer dans ce monde si différent du mien et à suivre les pérégrinations de Jeï, mais l'écriture de KIM Young-ha m'a totalement emballé !
Pendant toute cette dernière année, je me suis posé et reposé beaucoup de questions. Sans m'en rendre compte, c'est devenu une habitude. Pourquoi je souffre ? Pourquoi est-ce que je prends sur moi la souffrance des autres ? Que veut dire ce destin que Dieu m'a donné ? Pourquoi je suis encore en vie, moi qui aurais dû mourir à la gare routière, qu'est-ce que ça signifie ? Ce genre de questions. Je suis debout à l'aube et après je traîne ici ou là jusque tard dans la nuit. Je me cherche un coin calme pour lire et réfléchir. Et pourtant je n'ai jamais assez de temps à moi. - p. 147

"Ces jeunes existent partout mais personne ne leur tend l'oreille. Comment les transformer en voix ? Comment traduire ces voix de façon que nous puissions les entendre et nous souvenir d'eux longtemps ? Telles sont les questions auxquelles je pense." (4ème de couverture) Personnellement, je me souviendrais longtemps de Jeï, de Dong-kyu, de Mok-ran et des autres...
Lien : http://revoir1printemps.cana..
Commenter  J’apprécie          21



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}