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Critique de Fuyating


Je n'aime pas les termes « récit choc » ou « lecture coup de poing » que je trouve trop accrocheurs, mais pourtant cela définit bien ce livre de Kim Takhwan.

Dans ce récit bouleversant et glaçant, l'auteur donne la parole à un plongeur privé et à diverses personnes en lien avec le naufrage du Sewol, que ce soit journalistes, familles des victimes, avocats etc.

L'auteur s'est attaché à mettre en lumière les interrogations entourant le drame du naufrage du Sewol ayant eu lieu le 16 avril 2014 en Corée, tout en soulignant les conditions extrêmes des plongeurs et les injustices subies.

La narration a un rythme très intéressant puisqu'elle alterne entre les passages d'une lettre à un juge, écrite par un plongeur professionnel et des interviews  regroupées à chaque fois dans « Les voix du 16 avril ». Dans sa lettre, le plongeur confie ce qu'il a vécu et les conditions de travail difficiles, tant au niveau physique que psychologique : trop de plongées en une journée, dangerosité des bas-fonds (très peu de visibilité, de nombreux objets les bloquant, courants violents), et bien sûr l'horreur de devoir remonter les corps.

Je suis outrée de voir la situation précaire de ces plongeurs et la façon dont ils ont été remerciés. Ces personnes ont eu besoin de beaucoup de soins, étant atteint par des maladies terribles suite à leur travail, mais la sécurité sociale ne les a plus aidé au bout de cinq mois. Comment réussir à payer des soins aussi coûteux ? C'est terrible et je pense que très peu de gens connaissent les conséquences des plongées aussi profondes et aussi longues. Aucun soutien donc, et en plus aucune reconnaissance. La population pense à tort qu'ils ont été très bien rémunérés pour « remonter des cadavres », écoutant les fausses rumeurs, les journalistes et les on-dit. Ils ont un peu le mauvais rôle dans l'histoire alors qu'ils ont été totalement dévoués à leur tâche au péril de leur vie.

Je suis également outrée par la façon dont le gouvernement a pris les choses en main et l'incompétence du personnel de bord et de l'ensemble des institutions. Pourquoi dire à ces jeunes lycéens de rester dans leurs cabines ? Pourquoi faire croire aux parents que tout le monde a été sauvé alors qu'aucune aide n'avait été mise en place ? Pourquoi dire qu'il y avait 555 plongeurs alors qu'ils n'étaient en réalité que huit ?

J'ai été profondément bouleversée par la douleur des familles, leur incompréhension et leur quête de vérité, par la vulnérabilité des plongeurs et la façon dont ils ont été traités, mais aussi choquée par la réaction de certains citoyens idiots qui ne se mettent absolument pas à la place des familles des autres et ne pensent qu'à leurs impôts qui vont indemniser les victimes (ce qui plus est, est totalement faux !).

Plusieurs scènes m'ont émue jusqu'aux larmes, mais je garderai surtout en mémoire celle du policier dont une manifestante, mère d'une jeune victime, a essuyé les larmes. Il nous dit qu'il est « discipliné » et obéit aux ordres, même s'il compatit à la douleur des familles, et que finalement « rien ne [les] sépare ».
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