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Critique de horline


Israël, 1977. Après six années de séparation, ils auraient pu enfin connaître le soulagement d'être réunis. Mais Macha, Victor et Catherine la grand-mère sont comme les plaines désertiques qui les entourent : emplis de silence et de vérité irréductible. Leurs rêves se heurtant à la réalité des immeubles gris construits à la va-vite pour accueillir les "nouveaux-immigrants" dans la banlieue de Haïfa.
Entre désarroi, colère rentrée et solitude ce sont des êtres abîmés que décrit Alona Kimhi dans son roman. Une famille disloquée qui, un an après la mort des parents, éprouve de grandes difficultés à surmonter le deuil pour les plus jeunes, à s'acclimater au nouveau pays pour Catherine.
Il y a de la méfiance, de l'intransigeance, de la peur. Comme toute littérature installée sur les failles du présent, l'auteure a choisi de dévoiler la vie intérieure de ses personnages, des vies secrètes intenses, exigeantes, insatiables. Et le lecteur devient voleur des pensées, spectateur ou voyeur des faiblesses de la grand-mère, de la folle obstination de Macha à repousser les autres et de la difficulté du plus jeune à gérer ses émotions. Il n'y a pas de recul, on est pris dans les mailles de ce récit où les personnages sont d'une intensité terrifiante.
Animé par la puissante lame de fond des émotions, c'est donc un roman lent mais un roman magnifique. Avec une plume endurante et patiente, Alona Kimhi saisit l'intensité de la douleur ou d'une phrase pour raconter la détresse de cette famille. On est fasciné par la précision du langage, par cette écriture qui transperce le papier, l'oeil aigu de la romancière qui sonde l'étrange relation entre le frère et la soeur, le chaos de l'esprit chez les adolescents, les désillusions de l'exil.
Habité par le désenchantement, le récit progresse ainsi avec un sentiment tenace de réalité impitoyable et l'idée que les personnages sont bien impuissants face à elle. Mais on garde l'espoir de voir l'humanité de ces êtres triompher de leurs maladresses et défaillances.
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