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Critique de Presence


Ce tome fait suite à Invincible, tome 5 : Un autre monde (épisodes 25 à 30) qu'il faut avoir lu avant. Il vaut mieux avoir commencé par le premier tome. Il contient les épisodes 31 à 35, initialement parus en 2006, écrits par Robert Kirkman. Les épisodes d'Invincible ont été dessinés et encrés par Ryan Ottley, avec une mise en couleurs de Bill Crabtree.

Mark Grayson entre dans le salon du pavillon des Grayson où habite sa mère, et la voit en train de jouer avec Oliver un jeune enfant qu'il a ramené d'une autre planète. Il s'excuset d'avoir pris tellement de temps pour arriver. Sa mère répond en sous-entendant qu'il n'a pas dû faire que discuter avec Amber, ce qui provoque une réaction offusquée de Mark. Elle l'informe ensuite que Cecil Stedman est passé pour expliquer comment organiser l'adoption de manière à ce qu'elle devienne la parente officielle d'Oliver, et à masquer son étrange couleur de peau. Mark est ravi de ces nouvelles et indique qu'il doit repartir de suite car il vient de recevoir un appel de Cecil Stedman. Dans un immeuble abritant la base secrète des Gardiens du Globe, Robot fait pénétrer les frères Mauler dans une pièce secrète pour leur présenter Rudy Conners, un individu au corps malformé et atrophié vivant immergé dans une solution à l'intérieur d'un grand réservoir en verre pour le préserver des effets nocifs de l'atmosphère sur son corps. Conner explique aux frères Mauler qu'il a besoin d'eux pour transférer sa conscience dans un corps humain qu'il a généré à partir de cellules souches de Rex Splode. Ils acceptent car il leur a permis de fixer leur prix.

Les Gardiens du Globe sont avalés par une foule dont chaque individu est manipulé par un supercriminel appelé Mastermind. L'équipe se compose de Immortal, Black Samson, Monster Girl, Shrinking Ray et Rex Splode. Alors que les superhéros succombent un à un à l'emprise mentale de Mastermind, Shrinking Ray (en taille minuscule) parvient à s'approcher de lui sans être détecté. Tout d'un coup, une pierre s'abat à quelques dizaines de centimètres de Mastermind, puis une seconde. Invincible est haut dans le ciel, hors de portée de ses pouvoirs et laisse tomber des pierres, guidé par le repérage satellite de Cecil Stedman, jusqu'à réussir à atteindre Mastermind. Shrinking Ray est fortement dépité qu'Invincible lui vole la vedette, alors qu'il touchait au but. Après l'affrontement, Mark Grayson retourne au pavillon familial et discute avec sa mère qui est en train de nourrir Oliver. Il finit par lui donner à manger à la petite cuillère. Sa mère lui indique que Samantha Eve Wilkins a appelé et qu'elle a laissé un numéro de téléphone en Afrique. Elle demande à Mark de l'appeler avec le téléphone confié par Stedman afin de ne pas faire exploser leur propre facture téléphonique. Après ça Mark Grayson repasse dans sa chambre d'étudiant, où William Clockwell lui reproche de ne pas encore avoir essayé de retrouver Rick Sheridan, un étudiant qui a disparu depuis plusieurs mois. Enfin il va rendre visite à sa copine Amber Bennett.

Le précédent tome était extraordinaire, et le lecteur revient totalement en confiance pour ce nouveau tome. Dès la première page, il retrouve l'écriture roublarde du scénariste. Deborah Grayson est en train de jouer avec Oliver sur un tapis de jeu, il s'agit de savoir si elle va accepter de s'occuper de ce jeune enfant. Étonnamment, il met tout de suite fin à ce suspense. Il en va très différemment des situations interprétables suivantes. Dans quelle mesure est-il possible de faire confiance aux frères Mauler pour mener à bien la tâche requise par Rudy Conners ? Quel est le degré de ressentiment que Shrinking Ray peut éprouver à l'encontre d'Invincible pour lui avoir volé la vedette ? Comment va tourner Shapesmith (Rus Livingstone) ? Quelles vont être les conséquences à long terme du fait qu'Oliver ait assisté à un affrontement brutal entre Invincible et Angstrom Levy dans le salon du pavillon de Deborah Grayson ? le lecteur se rend compte qu'il ne se formalise plus du fait que le scénariste joue ainsi habilement avec ses nerfs. Il ne perçoit plus ces moments comme autant de fausses pistes pouvant évoluer dans un sens comme dans l'autre, c'est-à-dire faire empirer la situation, ou au contraire la faire se terminer de manière anodine. Il en vient à les considérer comme autant de dilemmes moraux. Ce n'est plus une facilité d'écriture pour faire mariner le lecteur dans son jus, c'est un dispositif narratif pour lui montrer les potentialités du récit, et les questions morales qui se posent à chaque fois. Il incite ainsi le lecteur à projeter le déroulement qu'il souhaiterait ce qui révèle ses préjugés et ses préférences.

Bien évidemment, le lecteur est également revenu pour le spectacle visuel sans chichi. Pas de doute il est servi et avec des scènes de nature très différente : un dessin en pleine page pour une mère en train de jouer avec un enfant en bas âge, un dessin en double page pour des superhéros coincés dans une foule de civils innocents à qui ils ne veulent pas faire de mal, un martien en train de regarder la télévision, une discussion sur le toit d'une maison en Afrique, des dinosaures (parce que ça marche toujours), des zombies (un clin d'oeil élégant à l'autre série au long cours de Robert Kirkman : The Walking Dead), un individu coincé dans le désert. Comme d'habitude, Ryan Ottley représente tout ça de manière évidente, avec des dessins simplifiés au point de donner une impression de simplisme, offrant une lisibilité facile et immédiate. le lecteur qui a lu les tomes précédents sait que derrière cette apparence tout public, il y a une maîtrise impressionnante de la conception des prises de vue, et une science de l'image choc, citant les clichés visuels des superhéros, sans tomber dans le plagiat ou l'insipidité. Ottley sait aussi se montrer facétieux, un lecteur habitué aux univers partagés de Marvel et DC ne pouvant pas manquer le clin d'oeil à Batman, à Otto Octavius et à Spider-Man. Avec un tel dessinateur, le scénariste peut même prendre le risque de d'intégrer deux extraits des livres écrits par Nolan Grayson. le lecteur ne songe même pas à s'offusquer, même pour le principe qu'il veut une BD et pas un livre.

Après 6 tomes, le lecteur ne sait plus trop s'il revient d'abord pour l'intrigue, ou d'abord pour les personnages. Comme il l'a indiqué, Robert Kirkman s'est lancé dans des intrigues au long cours, avec des intrigues secondaires courant en trame de fond. Ce n'est pas encore cette fois-ci que Mark Grayson aura le temps de se mettre à la recherche de Rick Sheridan : le lecteur devra prendre son mal en patience. Par contre, la relation de dépendance de Deborah Grayson vis-à-vis de l'alcool semble évoluer, et il est agréable de voir ce que devient Rus Livingstone. Ces sous-intrigue forme une toile de fond qui assure une grande continuité au récit d'un tome à l'autre, et le scénariste semble créer des situations intrigantes comme s'il suffisait de soulever une pierre pour en trouver 3 dessous. Après les 6 épisodes consacrés à un voyage sur une autre planète, ces cinq épisodes donnent l'impression d'être un peu plus dispersés même si 3 d'entre eux sont consacrés au combat contre un supercriminel pas commode. du coup, il est possible que l'intrigue passe au second plan comme centre d'intérêt pour ce tome.

Par contre, la fibre de comédie dramatique continue d'être extraordinaire, le lecteur se rendant compte d'à quel point il a envie de retrouver et de passer du temps avec ces personnages. Il lui importe de savoir si Deborah Grayson va retrouver un équilibre personnel. Il se demande bien comment Oliver va grandir. Il partage le tiraillement de Mark Grayson entre Amber et Samantha. Il est à nouveau épaté par la manière dont Mark va essayer de voir clair dans ses sentiments : il va chercher l'avis d'un adulte en qui il a confiance. C'est peut-être bête de simplicité, mais c'est aussi constructif, sensé et intelligent. Mine de rien, Robert Kirkman sait écrire un personnage sain et positif, à y faire croire. Il réussit à se tenir à distance de tout cynisme de façade, sans une once d'angélisme ou de bons sentiments bon marché. Il sait aussi doser ces séquences, de manière à ce que Mark Grayson reste le personnage principal, même si le lecteur aimerait bien en savoir plus sur tous les personnages secondaires. Il lui tarde d'en apprendre plus sur April Howsam, tutrice d'Oliver introduite dans ce tome. En 3 pages, elle est déjà devenue une personne éminemment sympathique.

Sixième tome de la série et elle ne connaît pas de baisse de régime. Les personnages sont toujours aussi attachants donnant l'envie de les retrouver au plus vite. Les dessins savent mettre en valeur l'inventivité sans cesse renouvelée du récit, et le lecteur dévore ces épisodes d'une traite, remarquant que l'histoire est plus consistante qu'un simple récit d'aventure, et que Mark Grayson a une personnalité plus positive et constructive qu'à peu près tous les superhéros en exercice chez DC et Marvel réunis, sans une once de candeur ou de moralisme.
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