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Critique de Dandine


C'est un recueil de nouvelles posthume. Je me mefie des oeuvres posthumes, va savoir si l'auteur les considerait dignes de publication, va savoir s'il ne pensait pas les remanier completement, va savoir si le compilateur n'a pas mis trop de grains de son sel a lui. C'est donc avec de legeres craintes que j'ai ouvert ce livre.


C'est du Danilo Kis. Immediatement reconnaissable. Des nouvelles dans une veine semblable a celles de Un tombeau pour Boris Davidovitch. Elles parlent d'exiles, forces de partir ou chercheurs de nouveaux cieux; d'apatrides qui ne comprennent pas toujours ou ils sont ni pourquoi ils sont la; de persecutes pour la bonne cause ou le bon plaisir; de poetes que leurs propres mots font taire; des personnages perdus, qui veulent oublier, qui voudraient qu'on les oublie, qui seraient, certains, peut-etre oublies, sans l'attention que leur porte Kis; et de morts, bizarres ou attendues, soudaines ou calculees; des suicides vus comme des exils d'une autre nature, d'une autre qualite. Comme si c'etait le destin de ces nouvelles, qui tournent toutes autour de la Mort, de ne voir le jour qu'une fois Kis lui-meme enterre.


Dans toutes les nouvelles, ou les contes, s'entremelent notices biographiques, souvenirs personnels de l'auteur, introspection et ironie. On sent la defiance de Kis face a tout ce qui fait figure d'etat, de patrie; sa reticence a tout pouvoir. Cela est presque explicite dans la derniere nouvelle, tres personnelle cette fois, "A et B". Il y decrit en deux chapitres distincts le paysage de son enfance et la maison ou il a grandi. le paysage (A) est intronise "the magical place", et la maison (B) est traitee de "the worst rathole, I visited? ". En anglais et pas en serbo-croate, pour mieux s'en eloigner.


Dans Un tombeau pour Boris Davidovitch j'avais bien compris que Kis mettait en scene des ecrivains et des artistes connus, peu ou prou, mais je n'avais pas fait l'effort de chercher leur identite. Ici, la compilatrice et editrice du recueil nous donne toutes les cles: les nouvelles racontent des moments de vie - et de mort - de peintres comme Leonid Sejka, d'ecrivains connus et reconnus comme Ivo Andric, d'autres moins connus comme Odon von Horvath, Piotr Rawicz, Abram Tertz (un des pseudonymes d'Andrei Siniavski). Et je dois encore ajouter un bon point a Danilo Kis: il m' a donne envie de les lire.


Les nouvelles de ce petit recueil meritaient d'etre publiees du vivant de leur auteur. Elles portent toutes fierement sa marque. Elles ont toutes droit a l'appellation d'origine controlee, meme celles qui sont restees inachevees. Comment les definir? Tres simplement: une lecture interessante.
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