C’est là que je réalisais le pouvoir merveilleux de la littérature ou de l’imagination en général : faire vivre les morts et permettre aux vivants de ne pas mourir.
Mila, on va finir en chair à saucisse, t’as le cerveau dans les fesses ou quoi ?
L’homme a peine à admettre que sa vie, dans ce qu’elle a de plus essentiel, est bouclée, que ses espoirs sont réalisés. Il renâcle lorsqu’il faut regarder la mort en face et peu de choses ressemblent autant à la mort qu’un amour comblé.
Moi, intervint le chef d’équipe, si je ne m’étais pas saoulé, je crois que je me serais pas marié. Je me doutais bien que le mariage, c’est le tombeau de la vie.
Puis j’eus l’idée de composer un poème pour elle et, en effet, je parvins à mettre bout à bout quelques vers qui exaltaient les phénomènes météorologiques plutôt que des sentiments, mais je les lui apportai.
Nous ne pouvons nous emparer de la vie d’autrui et, même si c’était possible, nous ne trouverions pas de nouvelle histoire. Le monde compte près de cinq milliards d’êtres humains et chacun croit que de sa vie on pourrait tirer au moins une histoire. C’est une idée qui donne le vertige. S’il naissait - ou plutôt s’il l’on fabriquait - un scribe assez fou pour enregistrer cinq milliards d’histoires et biffer ensuite tout ce qu’elles auraient en commun, que resterait-il ? A peine une phrase par destin, un instant comme une goutte dans la mer, l’expérience unique d’une angoisse ou d’une rencontre, un moment de vision ou de douleur à mais qui pourrait reconnaître cette goutte du dehors, la séparer du déferlement de la mer ? Et il faudrait encore inventer de nouvelles histoires ?
Elle me demanda : Tu crois que tout amour est fait de faux espoirs ?
Ce n’est que dans les yeux de l’autre que l’on perçoit sa propre lumière, et cela seulement aux instants de grâce suprême.
Maman menait son combat pour la propreté, elle voulait connaître nos pensées, elle était horrifie par nos chaussures, nos mains et nos paroles.
Vous savez comme moi que, faute d'aller regarder le monde et les autres d'un point de vue qui bouscule nos habitudes, notre regarde risque de s'émousser.