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Critique de Ogusta


Ogusta
30 septembre 2015
Acheté sur un coup de folie, à la lecture de la quatrième de couverture, lors d'une errance dans les librairies. Il y a un temps pour tout et en ce moment je lis des essais. Celui-ci fera date. Septembre 2015.

Décidément l'homo sapiens est un être surprenant, pas toujours dans le bon sens du terme. En tout cas, prendre conscience de notre impact en tant qu'espèce vivante sur l'ensemble du vivant me parait primordial, essentiel et urgent. Ce livre est un appel au secours ! Nous devons changer, nous devons savoir et agir. Espérons que, comme le dit Yann Arthus Bertrand, "il soit trop tard pour être pessimiste !" Oui nous détruisons la vie, nous scions la branche sur laquelle repose notre apparition (nous n'en sommes qu'aux prémices) et c'est ce qu'Elizabeth Kolbert démontre dans ce livre fascinant.

L'auteur a enquêté durant plusieurs années auprès de nombreux scientifiques actuels, du zoologue au généticien, elle dresse donc un constat saisissant des menaces que nous faisons porter au monde : acidification des océans, réchauffement climatique, transport inconscient des bactéries, champignons et virus sur toute le planète, dissémination des espèces invasives au détriment de la biodiversité, etc... Certains épisodes sont terrifiants. Pour ne parler que d'un seul, je citerais la mort de milliers de chauves souris aux États Unis. Victimes d'un syndrome véhiculé par l'homme, elles s'éteignent peu à peu en pleine hibernation, jonchant le sol de grottes millénaires, de lieux de migrations utilisés depuis les origines, bien avant nous. L'ouvrage est jalonné d'exemples d'extinctions actuelles et passées qui semblent de notre fait. On a envie de hurler et, surtout, d'agir, stopper le carnage, revenir à l'âge de pierre pour cohabiter pacifiquement avec les grands mammifères et les néandertaliens.

Bref, que sais-je encore ? J'ai déjà proposé ce livre autour de moi. Personne n'a vraiment envie. J'ai l'impression que mes amis, homos sapiens, ont peur et pourtant, je crois des œuvres comme celle-ci incontournables. Et oui, pour se réveiller, il faut un déclic, il faut comprendre et compatir. J'aimerais que ce livre ne reste pas qu'entre les mains de ceux qui, comme moi, sont déjà avertis du danger que nous faisons courir à la planète, il mérite de circuler. Hélas, je crains qu'il ne soit ouvert que par les écologistes convaincus ou les curieux. (En réalité, je compte beaucoup sur ces derniers)

Belle écriture accessible même pour une néophyte comme moi. J'ai eu sensiblement du mal avec la chronologie des cinq premières grandes extinctions, mais revenir sur ces histoires, leurs découvertes, les thèses défendues pour les expliquer était très utile à la dynamique de cette démonstration. On se sent emporté, certes vers l'inexorable. Le texte reste beau. On se demande comment, néanmoins lisez-le, vous verrez. Par moment, on se croirait dans un récit de fantasy, on observe de loin la mégafaune et l'ancienne Pangée, on nage dans les récifs coralliens, on grimpe à l'assaut de la montagne avec les arbres qui s'enfuient (si si, ils tentent d'échapper à nos erreurs), on reste ébahi devant les dinosaures (ça marche toujours même quand on est adulte) et on a envie de pleurer devant le destin sinistre des tortues éléphants, des grands pingouins ou des moas.

C'est un livre à lire absolument avant la conférence sur le climat. Vous y découvrirez peut-être que nous sommes une espèce dotée du gène de la folie, ou que nous avons la capacité de faire évoluer les choses. Ne restons pas dans l'ignorance, il est sans doute déjà trop tard pour les chauves souris, les batraciens, la moitié des arbres de l'Amazonie ou le rhinocéros de Sumatra, mais nous pouvons encore limiter le désastre, à condition de cesser d'avoir peur et de vouloir connaître la situation.

Madame Kolbert, bravo pour votre courage et pour ce témoignage.
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