J'ai froncé les sourcils.
"C'est ma table de travail. "
Ils se sont regardées, puis ils m'ont regardée. Je me suis demandée s'ils s'entraînaient à ce mouvement dans leurs moments libres.
"Il n'y a pas de place. Où voulez-vous qu'on mette tous ces papiers? "
J'avais bien une idée d'où ils pouvaient les mettre, mais j'ai poliment résisté à l'envie de leur dire.
"J'ai besoin de café."
Je leur ai tourné le dos pour m'en aller. Il y avait un bistro très chouette à l'autre bout de la ville.
"Il avait 70 ans. On lui a toujours dit que la malbouffe finirait par le tuer.
-Crise cardiaque?
-Non, il s'est fait renverser par un camion de livraison de Pizza Express."
"Vous allez croire que je vous drague, mais j'ai l'impression de vous avoir déjà vu quelque part."
Il a frappé la boule sans lever les yeux et empoché la numéro 3 dans un trou latéral avant de se redresser et de me regarder en plissant les paupières. Du coup, je l'ai reconnu.
"Vous m'avez arrêté il y a six ans."
C'est un des risques du métier. Vous croyez reconnaître de vieux camarades de classe, mais ce sont des taulards.
J’ai bu une autre gorgée d’un café qui aurait pu être utile à la Gestapo pour ses interrogatoires difficiles.