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Critique de AnnaDulac


« La seule chose à laquelle on n'échappe pas, c'est la famille. »

Laurent Koutaïssoff dans « Atlas » évoque de façon poignante quelques personnages, Christophe, Léo, Pique-Boeuf et Marion, aux enfances saccagées par des parents absents, brutaux ou eux-mêmes démolis par des tragédies.
Ils vont former une petite constellation qui va trouver en elle-même un semblant de consolation. Réparer l'irréparable, non. Mais vivre avec. Comprendre sans pardonner.

Ce roman, que l'auteur dit avoir porté durant vingt ans, parle surtout du pouvoir des mots, de la littérature, du danger du silence ou des livres « que l'on ouvre sans que rien ne s'en échappe. Ni envie. Ni beauté. Et encore moins le désir d'avancer ! »

C'est l'histoire de Christophe Doinet, condamné à une année de prison pour avoir mis le feu à l'appartement de ses défunts parents et surtout avoir réduit en cendres tous les livres dans lesquels ils se plongeaient sans prêter attention à leur enfant, ou même en le mettant en danger en le confiant à des inconnus.
En fait de livres, il s'agissait de guides de voyage qui leur permettaient de s'évader sans quitter leur domicile, sauf à une occasion, pour un simulacre pathétique de voyage à Rome.

La rencontre avec une libraire, à laquelle il avait volé l'unique livre qu'il lira « le Comte de Monte-Cristo », offrira à Christophe un refuge contre le monde étroit de ses parents. C'est dans un cahier, une sorte d'atlas de son monde intérieur, qu'il consignera des dessins, des plans, des images, grâce auxquels la cartographie de son âme trouvera un peu de logique.
Si Christophe aborde les livres et les films par ces filtres que sont les critiques sans se donner le droit de s'y plonger lui-même, cet « atlas » intime le réconciliera avec l'écrit.

Comme le lui écrit la libraire dans une lettre testament : « Tu es très différent de ton père. Il y a chez toi une volonté inébranlable, celle d'affronter sa souffrance et non de la fuir, de trouver un chemin vers l'ailleurs ou de concevoir un itinéraire, même si tu ne l'empruntes pas encore. Tu as cette passion du livre et du récit, même si tu en fais usage d'une manière singulière. Tu peux aimer Dantès à la folie, lire des milliers de critiques cinématographiques ou m'écouter te raconter les plus beaux romans, nous faisons tous les deux partie de la même famille : celle de la parole écrite. »

Ecrit dans un style maîtrisé, sans pathos inutile, malgré la violence des faits rapportés,
cet « Atlas », qui a reçu le Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne, est une belle découverte.




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