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Critique de Nemorino


Sans Arcimboldo, le portrait serait aussi ennuyeux qu'un caviar d'aubergine sans ail,
La nature morte encore plus triste qu'une pomme de terre loin de sa terre.
Car aucune moustache n'est aussi joyeuse qu'un haricot vert en vrille
Et aucune joue n'est aussi mignonne qu'une tomate charnue !
Arcimboldo est ampoulé comme la Renaissance elle-même.
Le meilleur commentaire d'une oeuvre d'art c'est faire une autre oeuvre d'art ! Picasso en était le spécialiste. Moi je me contente ici d'une humble critique pour vous faire part de mon enthousiasme.
Werner Kriegescorte a écrit ce livre merveilleux qui nous présente la vie et l'oeuvre du peintre milanais de la Renaissance Giuseppe Arcimboldo. J'affectionne particulièrement ce genre de livres sur les grands noms de l'histoire de l'art. Car souvent leur biographie est plus incroyable que n'importe quelle fiction. En plus la collection Taschen tout en étant économique est très riche en informations et haute en couleurs. La méthode d'assemblage élaborée par Arcimboldo fait qu'il plaît autant aux enfants qu'aux grandes personnes et donc c'est une lecture que je peux partager avec mon fils.
La première chose qui frappe c'est que cet immense artiste fut immédiatement oublié après sa mort et ressuscité au 20ème siècle. Par qui ? Par les surréalistes et les cubistes ! Arcimboldo c'est une peinture qui n'est ni religieuse ni réaliste même si les légumes ou les objets sont rendus vivants avec le plus grand soin et métier. C'est extrêmement novateur comme idée pour le début du 16ème siècle. Et en même temps c'est humoristique, grotesque comme l'oeuvre de son contemporain aîné Rabelais, et s'inscrit dans la tradition du carnaval née au Moyen Age et grossie à l'époque de la Renaissance ! le célèbre Bibliothécaire devrait être l'emblème du Babélio !
Un génie vite oublié et remis sur les étendards d'un art nouveau 400 ans après… L'exemple d'Arcimboldo n'est évidemment pas unique dans l'histoire. Prenons Jean-Sébastien Bach qui était rejeté après sa mort, en commençant par ses fils qui se voulaient « compositeurs modernes » et par sa famille en général qui se servait de ses précieux manuscrits pour emballer la viande crue à la boucherie ! Il fallait que Jean-Sébastien attende l'arrivée des romantiques !
Arcimboldo est le premier pour qui l'art devient un terrain de jeu. Quel contraste avec des saints, des martyrs émaciés et pâles des oeuvres qui l'avoisinaient… Ce livre fait partie des belles lectures qui nous sortent de nous-mêmes, nous apaisent et pourquoi pas nous guérissent. Vivement que la France devienne un pays de librairies préventives et non pas le pays des pharmacies ! Et pourquoi pas des musées préventifs… Car pour moi, avoir accès à l'art c'est cela la véritable richesse si ce n'est l'unique richesse.
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