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Critique de bran_601


J'ai trouvé ce premier tome beaucoup moins bon que je me l'étais imaginé et surtout beaucoup moins rythmé que je l'espérai.
Si le monde en soi est assez original en mêlant un japon médiéval, un folklore mythologique et une technologie façon Steampunk, j'ai trouvé l'auteur impuissant à faire réellement voyager ainsi que qu'à transmettre une véritable représentation visuelle de son univers, au premier abord bien aguicheur.
Et si l'auteur use d'un riche vocabulaire japonisant dans sa narration il ne réussit pas selon moi à recréer les conditions d'immersion suffisantes, assez souvent les auteurs les plus cinématographiques dans leur prose, ne sont pas ceux qui assènent et matraquent de descriptions en tous genres...
Le premier tiers du roman est fastidieux d'ailleurs obligeant sans cesse à faire des allers et retours avec le lexique de fin de livre, alors que l'histoire n'avance pas et que les personnages principaux ne séduisent pas outre mesure.
Selon moi, installer une ambiance ne consiste pas simplement à adopter un vocabulaire local, c'est avant tout réussir à retranscrire de façon honnête toute la richesse culturelle et philosophique, ici un japon médiéval, sans tomber dans la facilité ou la caricature. Selon moi à ce niveau ( ce premier tome du moins) l'auteur n'a pas réussi son pari.

Pour l'aspect Steampunck c'est mieux avec des armures exosquelette, des katanas tronçonneuse et d'autres armes de guerre bien inspirés, on retrouve aussi des navires volants façon Thorgal "pays Qa" et bien sur toute une économie basée sur l'industrialisation de la société autour de l'exploitation du lotus rouge, bon rien de vraiment marquant non plus.
D'ailleurs d'une certaine manière, il y a toute une allégorie avec notre société qui elle aussi est tributaire de l'or noir, on retrouve donc tout naturellement les mêmes problématiques liées à l'exploitation d'une ressource devenue le sang d'une société et l'objet de toutes les convoitises en même temps qu'elle assure à ceux qui la contrôlent le pouvoir.
C'est l'occasion pour l'auteur de développer tout un panel de sous intrigues opposant ceux qui ont le pouvoir et s'y accrochent, à ceux qui veulent s'en emparer dans l'ombre, ceux qui soutiennent un système quelque en soi le prix à payer parce qu'il génère du profit, à ceux qui ne vivent que pour le renverser.
Entre jeux de pouvoir, lutte des classes, problématique environnementale et prosélytisme religieux, le récit regorge de bonnes inspirations mais traité de manière trop superficielle pour véritablement intriguer un lecteur chevronné.

Et si la quête initiale avec la jeune adolescente Yukiko, parti accompagner son père et son oncle dans une mission confiée par le shogun, une tache hautement improbable consistant à capturer un animal légendaire ayant semble-t-il disparus depuis des lustres, assez rapidement cet aspect de l'intrigue va devenir tellement prévisible que l'intérêt du livre va assez rapidement se résumer à connaître ce qu'il y a derrière le mystère de l'exploitation du lotus rouge, l'action des terroristes qui s'attaquent aux fondations du pouvoir en place avec la destruction de champs de lotus. Terroristes qui pourraient finalement se révéler être de véritables révolutionnaires dont l'héroïne pourrait embrasser la cause accompagnée de son nouveau compagnon ailé etc.
Le problème du roman c'est qu'il est loin d'être imprévisible et que tout nous paraît arriver dans l'objectif d'un télescope, mais entre-temps le chemin est long et ennuyeux avant d'en arriver à quelques scènes d'action plutôt décevante.

Pas facile non plus pour un public aguerri, de s'aguicher d'une héroïne ado. rendue artificiellement forte par son association avec un Arashitora" un tigre du tonnerre" dont l'apparence rappelle le griffon héraldique mais avec un buste d'aigle et un arrière-train de tigre (au lieu de lion), dans tous les cas loin d'être la guerrière que nous retrouvons sur la couverture et l'on ne peut pas dire que sa personnalité soit aussi nuancée qu'un spectre de couleur.
La relation quasi symbiotique que la jeune femme noue avec l'animal est un peu rapide et manque un peu de subtilité toutefois cela reste tout de même l'une des trouvailles les plus sympathiques du roman, dommage que par un certain ressort scénaristique, nous n'ayons pas véritablement pu partager dans ce premier tome de vraies belles scènes aériennes.
On retrouve ici l'éternel schéma d'un héros prédestiné à endosser le costume de l'élue", à qui tout fatalement réussira après que celle-ci aura accepté d'en tenir le premier rôle.
Si on retrouve en cela un code quasi immuable de la littérature fantasy pour jeunes adultes, le mythe du sauveur est une nouvelle fois présent ici pour le meilleur et pour le pire.
La dernière scène du roman où l'on retrouve une Yukiko chevauchant son tigre, encourageant le peuple à se libérer du joug des puissants, avant de s'envoler et de se perdre dans le bleu de l'horizon, si l'image est belle, le sentiment de redit est tellement fort que cela en devient assez pathétique finalement.
Le livre est un peu à l'image de son épilogue, plein de bons sentiments et suffisamment dépaysant pour plaire aux easy readers (pour citer Albéric), mais pas assez costaud pour les lecteurs plus exigeant.

Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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