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Critique de magalibertrand


Il en est des semaines de vacances pluvieuses comme de toutes ces contrariétés ridicules qui pourraient vous plomber le moral, soit vous vous asseyez part terre et vous pleurez sous leur poids, soit vous acceptez d'en être allégé(e) par une poignée de petites choses aussi délicieuses qu'une balade sous un ciel gris-bleu, une crêpe fourrée aux fous rires, un roman épatant qui, pour toujours, gardera mêlés entre ses pages, un peu de vent salé, quelques grains de sable et le souvenir d'une lecture enthousiasmante .C'est La Famille, premier roman magistral de Naomi Krupitsky paru dans la collection du monde entier de Gallimard, qui, pour moi, a rempli ce rôle à merveille la semaine passée.
« La Famille » se prononce avec un grand F et avec respect, en baissant un peu la voix et en serrant la pointe de ses doigts sur la paume de sa main, dans un haussement d'épaules. « La Famille » a l'accent italien au coeur de Brooklyn et prend son essor dans les années trente, en pleine prohibition. « La famille » se serre les coudes, protège ses rituels et ses membres, impose ses règles et fait des propositions que l'on ne peut pas refuser. En être, c'est se savoir protégé et soumis. Y naître, c'est grandir avec la certitude d'être un peu à part, un peu à tares, rassurées et étouffées à la fois comme Sofia et Antonia, presque soeurs au sein de cette famille bizarre où il leur faudra trouver une place qui n'est pas prévue pour elles. Ensemble, elles grandiront entre craintes et certitudes, ensemble, elles découvriront amour et angoisses, les secrets qui séparent, les souvenirs qui rassemblent, les mères qu'elles ont et celles qu'elles sont, malgré elles, malgré tout, les femmes qu'elles deviendront, envers et contre tout, dans ce monde d'hommes, d'oncles, de pères aux personnalités plus riches et nuancées que les visages impassibles et le folklore du Milieu ne le laisse supposer en règle générale.
Ce premier roman de Naomi Krupitsky est une réussite et un pur régal à tous points de vue. L'histoire riche et intense est tenue de main de maître sur 20 ans, 5 livres et 383 pages, sans abus, sans excès, sans relâchement ni digressions. On y voit évoluer une poignée de personnages à la personnalité dessinée avec netteté, changeante, surprenante, mais précise, travaillée avec soin et d'une sensibilité affûtée, ne laissant rien au hasard. Cerise sur le cheesecake, la plume est belle, racée, subtile, délicate, elle donne à entendre une voix réellement nouvelle dont on sent déjà que, non contente de savoir nous raconter des histoires, elle saura nous les rendre inoubliables C'est une proposition que nous ne saurions refuser !

Lien : https://magali.bertrand@neuf..
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