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Critique de batlamb


Chacun a son Münchhausen. Gottfried August Bürger en a transmis à la postérité l'image d'un grand menteur passionné par la chasse, les voyages et les exploits guerriers. Karlel Zeman lui a fait superviser l'union entre les rêves de conquête spatiale et les légendes lunaires d'autrefois. Terry Gilliam l'a changé en être lunatique et inconstant, dialoguant avec l'enfance sur le mode du mentir-vrai, pour mieux tromper la mort.

Sigismund Krzyzanowski était donc destiné à nous présenter un Münchhausen à son image. Un Münchhausen poétique et facétieux convertissant le sens propre au sens figuré et inversement ; vivant à la fois dans les livres et dans le monde réel, dans le passé et dans le présent ; circulant où bon lui semble sans que l'on ne soit jamais sûr qu'il ait quitté le petit espace cloisonné qui l'abritait, image de livre ou appartement. Un Münchhausen friand d'abstraction, du moment que celles-ci ne constituent pas une prison mais au contraire un strapontin pour la liberté d'une imagination qui ne dit pas son nom. Et finalement, un Münchhausen dont l'illogisme et l'irrationalité trouvent en la Russie soviétique une rivale implacable, une « reine rouge » plus terrible encore que la reine de coeur de Lewis Carroll.

La vie imite l'art, et le fait très bien. Trop bien pour le bien-être de notre cher baron, qui trouvera que tout ne tourne décidément pas rond dans l'âme slave. Et tout tourne trop rond chez les protocolaires britanniques, autre extrême indésirable. Notre sommité du mensonge gratuit se cherche donc un État, une patrie pour fructifier sur Terre, foisonner en toute innocence comme des haricots magiques. Il cherche peut-être encore, quand le lecteur ouvre ce livre et pense à lui, à la lumière de la Lune.
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