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Critique de florencem


Comment passer à côté de cette couverture absolument magnifique ? Et d'un résumé si prometteur. Comme beaucoup, je n'ai pas pu résister à Babel. J'y voyais une lecture prometteuse abordant des sujets toujours d'actualité, malheureusement, mais surtout l'univers du livre, des mots, de la traduction prendre une ampleur que l'on voit rarement. Malgré tout l'engouement autour du roman qui me fait d'habitude peur, je n'ai pas hésité. Et je ne vais pas vous mentir… mes attentes ont été assez vite déçues.

J'ai un bon rythme de lecture. Avec environ deux cents lectures par an, je n'ai pas peur de m'attaquer à des briques de 600/700 pages. Et pour finir l'année, je m'étais dit que Babel serait parfait. J'ai mis plus d'une semaine à le lire… et à chaque fois, je m'endormais dessus… Oui, c'est un gros indice sur le fait que je me suis vraiment beaucoup ennuyée et que le coeur n'y était pas. J'ai parfois du mal à m'endormir, mais je ne m'attends pas à ce qu'un livre me serve de somnifère. Jamais. Et pourtant, j'ai persévéré.

Il y a pour moi plusieurs problèmes. Déjà des personnages auxquels on n'arrive pas à s'attacher. Trop fades, sans réels nuances, ne cherchant pas vraiment à évoluer. J'ai survolé l'histoire sans avoir de compassion dans ce monde noir et blanc et manichéen. Il y a pourtant de nombreux sujets ultras intéressants, et on voit que l'auteur a voulu dénoncer une époque qui a encore laissé de nombreuses traces. Mais en choisissant Oxford et son univers si privilégié et hors norme, les dénonciations ont un goût amer. C'est à peine si nos jeunes héros se rendent compte de la chance incroyable qu'ils ont. Je ne nie absolument pas que leurs vies sont loin d'être rose, loin de là, mais parfois, je me disais… Ils avaient les clés pour changer les choses, d'une certaine façon, mais leurs différents choix au fil du tome n'ont fait que les embourber. Et il y avait ces oeillères… comment n'ont-ils pas vu plus tôt avec leurs passés respectifs que les choses n'étaient pas aussi merveilleuses qu'il n'y paraissait.

Parlons aussi du sous-titre « ou la nécessité de la violence ». J'ai beaucoup de mal. Pour moi la violence ne résout rien et c'est même tout le contraire. A une époque où elle prédomine (je parle de la nôtre) pour un oui et pour un non, j'ai du mal à comprendre l'idée de l'auteur. le savoir est pour moi une forme de combat plus efficace, même si je suis sur une pente utopique, je le sais. Et avec Babel, au final, on se rend compte que même les êtres les plus intelligents et instruits ne sont que des bêtes usant de la violence pour asseoir leurs idées. Et je parle autant des « méchants » que des « gentils ». Je passerai à côté du fait que les blancs sont tous racistes et méchants… Là encore le message n'est pas bon, même pour l'époque et encore moins avec un lectorat du XXIe siècle. On peut dénoncer, je n'ai aucun problème là-dessus, et je sais très bien combien les blancs ont fait du mal à tant de peuples au fil des ans, et continuent de le faire, mais généraliser… C'est pire que tout. Montrer que nos héros pouvaient aussi trouver écho et compréhension auprès d'autres personnes auraient été un message positif et impactant. Un début d'espoir. Montrer que l'on peut changer, comprendre l'autre, penser par soi-même, reconnaître les erreurs faites, vouloir un monde meilleur, de l'égalité, que les choses changent… Mais non, rien de tout cela. Car au final avec Babel rien ne change.

La magie est aussi « surcotée » et vous vous en doutez, je m'attendais à ce qu'elle prenne pourtant une part assez importante dans Babel. J'ai d'ailleurs eu du mal à croire que l'argentogravure n'était au final qu'un art très british cloisonnant encore plus les disparités avec le monde extérieur. Il y a bien ce début de révolution pour une expansion du savoir mais elle reste très minime.

Par contre, j'ai adoré tout ce qui avait trait à la traduction. J'ai trouvé que c'était un univers riche, complexe et fascinant. Ce fut pour moi, la partie la plus intéressante du roman, et je suis heureuse d'avoir appris beaucoup de choses à ce niveau-là me faisant voir l'acte de traduire sous un tout autre angle. Mais même cet aspect a fini par me lasser.

Quant à la fin de Babel… elle n'a aucun sens pour moi. Je me suis dit tout ça pour ça, vraiment ? Quelle est la morale de tout cela ? A quoi a servi toute cette boucherie, toute ces tentatives de pencher vers un monde meilleur ? Je… C'est une incompréhension totale pour moi. de ne pas voir l'objectif de l'auteur, son cheminement. Les Anglais sont des monstres ? Les Hommes finissent toujours par sombrer dans la violence ? le savoir ne peut sauver personne ? Voilà ce que je devrais retenir ? Non, je suis désolée. Je suis peut-être une grande optimiste, mais je veux penser que nous sommes capables d'être meilleur, d'apprendre de notre passé et de pouvoir accepter l'autre quel que soit ses différences.
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