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Critique de moertzombreur


Arriver – Rester – Partir
Frantz rencontre Dora alors qu'il séjourne chez sa soeur, au bord de la Baltique. Il lui parle, l'observe, ils se promènent. « Elle ne suit pas très bien lorsqu'il se décrit sous un jour défavorable et lui demande de prendre au sérieux tout le mal qu'il pense de lui-même ». Il a parfois l'impression de la rêver ; puis ils rêvent ensemble à leur vie future à Berlin, ils s'écrivent avant de franchir enfin le pas. Mais Frantz, qui avait déjà perdu l'appétit depuis un certain temps, est rattrapé par la maladie, la tuberculose danse en lui une dernière sarabande. L'auteur décrit cet amour ultime, authentique, limpide, dans un style plein de douceur, collant ainsi aux sentiments vrais qui animent Franz et Dora, il déroule au lecteur la simplicité de leur vie quotidienne, sans jamais traîner du côté de la relation biographique, sans pathos. L'auteur papillonne du point de vue de l'un à celui de l'autre, de manière virtuose, on voit ainsi se tisser, se renforcer, un lien qui, autrement, resterait dans l'impalpable. « Quand j'écris je suis insupportable », dit-il ; quand à Dora, « elle voudrait ne plus jamais avoir à lui écrire ». Frantz a
écrit « tout au long de sa vie, des lettres, surtout à des femmes qui n'étaient pas près de lui, des lettres et encore des lettres, uniquement pour leur dire pourquoi il n'était pas à leur côté, pourquoi il ne vivait pas avec elles ». Avec Dora tout est différent, ils se tiennent sur le seuil du bonheur, même si celui-ci ne dure que peu de temps, l'évocation pudique de leur intimité, jusqu'à la dernière étreinte, est d'une beauté rare...
« Celui qui, vivant, ne vient pas à bout de la vie, a besoin d'une main pour écarter un peu le désespoir que lui cause son destin –
il n'y arrive que très imparfaitement -, mais de l'autre main, il peut écrire ce qu'il voit sous les décombres, car il voit autrement et plus de choses que les autres, n'est-il pas mort de son vivant, n'est-il pas l'authentique survivant ? Ce qui suppose toutefois qu'il n'ait pas besoin de ses deux mains et de plus de choses qu'il n'en possède pour lutter contre le désespoir » (Journal, 19 oct 1921).
PS : A l'attention des éditeurs, savez-vous ce que moi, libraire, je fais de vos bandeaux ? Ils terminent à leur place : au fond d'une poubelle.
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