Comme l'indique le bandeau,
Michael Kumpfmüller évoque dans
La splendeur de la vie le dernier amour de Kafka. de ses amours, on connaît surtout l'incroyable passion qui le lia à
Miléna Jesenska et qui laissa une correspondance reprise dans
Lettres à Milena. Pourtant, onze mois avant son décès, l'auteur du Procès connut une dernière et bouleversante histoire d'amour avec une jeune femme de 15 ans sa cadette...
Été 1923 à Müritz, sur les bords de la Baltique. Dora Diamant, jeune femme polonaise de 25 ans monitrice dans un foyer pour enfants juifs, rencontre sur la plage un homme étrange, frêle, intriguant. Cet homme, c'est
Franz Kafka, venu rejoindre sa soeur Elli dans sa maison de vacances pour quelques semaines. Il a 40 ans et souffre de tuberculose depuis plusieurs années. Une attirance subtile va tout de suite les rapprocher. Attirance qui se transforme bien vite en un amour sincère et profond. Si Franz n'en est plus à sa première relation sentimentale, Dora est une jeune femme encore préservée des déceptions et rudesses de l'amour. Pleine de vie et de projets, l'enthousiasme de Dora est communicatif et, bien que conscient de son état de santé plus que précaire, Kafka décide de la rejoindre à Berlin où ils entreprendront leur vie commune. Mais la réalité se révèle bien différente du rêve espéré. La République de Weimar est alors ébranlée par une crise économique et politique sans précédent, les idées nazies progressent. Or, Dora et Franz sont juifs tous les deux. Mais ils sont heureux et tout remplis de la "splendeur de la vie". Pourtant on le sait, la maladie aura le dernier mot.
Version romanesque de l'histoire entre Franz et Dora,
La splendeur de la vie plonge dans l'intimité de ce couple hors norme, fragile et pourtant profondément lié. Sans rien masquer du caractère étrange et invivable de Kafka, Kumpfmüller réussit, en s'imprégnant des correspondances, des carnets et journaux de Kafka, à aller au-delà du mythe que représente l'auteur de
la métamorphose et à les rendre tous deux bellement, tragiquement proches. Il les rend tellement réels qu'on semble
vivre avec eux. Nous découvrons aussi les difficultés de la vie à Berlin, l'inflation galopante, les premières menaces contre les juifs, le rêve de partir vers la terre promise, l'effervescence culturelle de Vienne. Mais ce qui domine tout le livre c'est cet amour intense et cette lucidité rare qui fait que le temps, la maladie et finalement la mort n'ont pas de prise sur eux.
Un beau roman, qui révèle un visage de
Franz Kafka que nous ne connaissions pas mais qui surtout rend un hommage à cette femme éblouissante qui aimera et soutiendra Kafka jusqu'au bout. Un roman à la fois lumineux et tragique, une ode à la beauté et la puissance de l'amour. Que l'on aime ou pas Kafka, on ne sortira pas indemne de ce vibrant récit.