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Critique de pgaia


« Votre fille, c'est une catastrophe ». C'est par ces mots que la maîtresse accueille Sophie, un beau matin, devant la grille de l'école. Pour la jeune mère célibataire, c'est une véritable bombe qui est lâchée dans son univers. Tout est remis en cause : l'avenir de sa fille, leur relation, sa propre vie. Peu à peu, elle laisse cette petite phrase traumatisante s'insinuer dans son quotidien, jusqu'aux notices électroménagères qu'elle écrit pour l'agence de publicité qui l'emploie – et qui deviennent de plus en plus étranges, en forme de règlement de comptes. Elle rumine encore et encore la sentence « c'est une catastrophe », qui la renvoie à son enfance, aux brimades qu'elle a eu à subir dans la cour de l'école, en tant que gamine insignifiante, un peu gauche, et juive, dans les années soixante-dix. Ce « c'est une catastrophe » s'adresse à sa fille, mais c'est surtout, elle, Sophie, qui se sent visée, et jugée, par la maîtresse, par le système scolaire, par la société. Par sa mère, aussi, qui lui a si peu appris à être une femme, une ménagère, une mère à son tour.

Dans La loi sauvage, Nathalie Kuperman alterne les chapitres décrivant la vie de Sophie et ceux présentant la notice de four qu'elle se doit d'écrire pour son employeur. Dans la vie de Sophie, tout tourne autour des fameux mots prononcés par la maîtresse, et qui font resurgir de mauvais souvenirs. de ce point de vue, l'auteur nous offre davantage un examen introspectif qu'un exercice proprement romanesque. Nathalie Kuperman a écrit son roman comme si elle suivait en live les pensées dérivantes de son personnage : le récit, sans réelle structure, entraine le lecteur dans une spirale redondante. On en revient toujours au même point, sans climax, sans sursaut, mais dans une sorte de rumination mentale lassante qui m'a fait souvent penser : bon, mais ensuite ? Clairement, passées les premières remises en cause existentielles de Sophie, on s'ennuie. Et toutes ces circonvolutions pour un non événement finalement puisque la maîtresse elle-même ne se souvient plus d'avoir prononcé les mots qui paralysent tant Sophie.

Quant à la notice de four qu'écrit Sophie, elle devient au fil des pages de plus en plus surréaliste. Dans le mauvais sens du terme pour moi, puisque ce qui commençait comme un détournement loufoque s'achève en forme de délire alambiqué qui n'a plus réellement de sens pour celui qui le lit. J'ai fini par sauter ces pages-mode d'emploi, qui m'ont plus données l'impression de parasiter le récit que de lui apporter de la substance.

Au final, Nathalie Kuperman dresse le portrait d'une mère peu sûre d'elle, insignifiante dans sa vie professionnelle comme personnelle, sans véritable consistance et qui malheureusement laissera dans ma vie de lectrice aussi peu de traces qu'elle-même n'en laisse dans sa vie romanesque.
Lien : http://critiquesdelivres.ove..
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