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Critique de Piatka


Non seulement " Une femme qui n'a jamais existé peut être l'auteure d'un livre qu'elle n'a pas écrit ", mais surtout dix-huit jeunes auteur-e-s suisses peuvent réussir le pari d'écrire ensemble un récit de pure fiction sur un thème qu'ils n'ont pas vécu eux-mêmes, la perte d'un enfant, à une époque, les années soixante, qu'ils n'ont pas connue étant tous nés entre 1982 et 1992.
« Vivre près des tilleuls » ou comment faire magistralement la preuve que l'écriture n'a pour limite que celle de l'imagination et de l'audace des écrivains.

Pari gagné grâce à un récit court et sobre, d'une vérité, d'une justesse et d'une unité de ton tout à fait impressionnantes pour le collectif L'Ajar, association de jeunes auteur-e-s romandes et romands créé en 2012 pour explorer la création littéraire en groupe. Toute référence à Emile Ajar, célèbre pseudo de Romain Gary, semble donc fortuite puisque le sigle a sa propre signification…Je ne peux m'empêcher cependant de voir ici malgré tout un astucieux clin d'oeil à leur illustre homonyme dans leur façon d'écrire ensemble pour le compte d'un auteur de leur invention, Esther Montandon, poussant même le raffinement jusqu'à lui créer une page Wikipédia.
Evidemment, on ne manquera pas de s'interroger sur leurs procédés d'écriture, et j'avoue être curieuse de leurs éventuels interviews en cette rentrée littéraire - j'imagine ( et j'espère ) déjà les 18 sur le plateau de la Grande Librairie par exemple.

Originalité donc de la forme, mais le fond, puissant, a une qualité littéraire indéniable qui m'a plue, c'est bien l'essentiel.
Revenons au livre. L'avant-propos avertit du contenu de l'ouvrage : « Un recueil d'impressions, de faits, de pensées et de souvenirs. Une petite sociologie du deuil », il trace un rapide portrait d'une femme écrivain, Esther Montandon, auteur réelle - mais bien fictive - de ce parcours douloureux de mère.
De courts et denses chapitres égrènent ensuite à la première personne du singulier ses réflexions intimes, chagrin, incompréhension, douleur, bêtise involontaire de l'entourage, éloignement…bien sûr, mais aussi les petites lucarnes de souvenirs heureux, les sursauts de vie qui accompagnent toute tragédie. L'ensemble aboutit à un témoignage très maitrisé, peut-être un peu trop par moment, mon seul petit bémol pour ce parcours de deuil.

« Le temps s'épaissit…L'espace se réduit. »
« C'est à la façon d'une libellule qui frôle les eaux dormantes que je me déplace dans le quotidien. Je reste à la surface des choses pour ne pas souffrir, je ne m'approche de rien. »

Vous l'aurez compris, j'ai beaucoup apprécié ce « premier roman » de L'Ajar et j'espère qu'ils ne s'arrêteront pas en si bon chemin, près des tilleuls…
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