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Critique de SophieLesBasBleus


Voilà un roman qui finalement demande plusieurs strates de lecture et, du coup, rend un peu compliquée mon opinion finale. Une première lecture est induite par l'avertissement d'usage, destiné à authentifier récit et personnages, à impulser en quelque sorte l'effet de réel, qui nous explique la publication posthume de ces feuillets rédigés par Esther Montaudon, écrivain disparue en 1998. Munie de cette orientation de lecture, je suis partie à la découverte de ce texte fragmenté, sorte de journal sans repères temporels autres que les évènements évoqués. La maternité tardive d'Esther, les premières années de Louise sa fille sont abordées à travers le prisme d'un bonheur que l'on sait irrémédiablement révolu et le récit entier est baigné de ce vide, de ce manque qui rend le monde tout à coup inhabité après la mort accidentelle de l'enfant. le chagrin, le deuil se matérialisent dans des notations factuelles, organisées en phrases simples, donnant l'impression d'une vie désertique et asséchée. L'émotion du lecteur est finalement davantage sollicitée par sa connaissance de la situation de la narratrice que par le texte lui-même. La seconde strate de lecture intervient à la toute fin, lorsque l'on apprend le contexte et la démarche qui ont présidé à l'écriture de ce roman. Cette information nous amène à revisiter le texte sous le nouvel éclairage qui lui est donné. J'ai mieux compris, dès lors, cette impression de sècheresse qui m'avait marquée lors de ma lecture "innocente". On ne peut réellement parler de mystification littéraire puisque L'Ajar (clin d'oeil à un véritable mystificateur) se dévoile dès la quatrième de couverture. Il s'agit plutôt d'un exercice de style, issu d'une démarche d'écriture intéressante mais dont les enjeux me laissent assez dubitative. Fallait-il vraiment en passer par ce projet pour montrer que "la fiction n'est pas le contraire du réel" ? Que "Vivre près des tilleuls" soit un jeu d'écriture, une façon de se donner des contraintes stimulantes et inspirantes, j'en conviens volontiers. Mais qu'on lui donne pour but une manière de vérification des liens entre fiction et réel, cela me paraît relever de "l'enfoncement de portes ouvertes". Sans doute suis-je passée à côté de quelque chose que je n'ai pas compris... Quoi qu'il en soit, ma lecture "naïve" de ce premier roman ne m'a pas particulièrement fait vibrer. C'est joli, c'est bien écrit, c'est sans effets larmoyants, c'est bien vu. What else ?
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