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Critique de Alexein


Au XVIe siècle, à la cour du roi Henri II, la Princesse de Clèves, récemment mariée, fait la connaissance du duc de Nemours et il se produit entre eux ce que l'on appelle aujourd'hui un « coup de foudre ». D'un côté, Monsieur de Nemours est un séducteur à la beauté irrésistible et de l'autre Mme de Clèves est très attachée au respect de ses devoirs matrimoniaux. Ce roman à l'histoire simple mais ô combien puissante est le premier roman d'analyse psychologique de l'Histoire de la littérature.

La profusion de verbes conjugués fait qu'au fil des pages chaque phrase palpite de vie, frémit d'inquiétude, brûle de désir ou est mortifiante de désespoir. Les moindres soubresauts de l'âme de Mme de Clèves sont passés au crible avec une acuité et un raffinement dans l'analyse tels qu'on pourrait croire cette histoire authentique tant elle vibre d'une sincérité que l'on ressent viscéralement.

Il n'est pas facile de bien entrer dans ce livre qui requiert de grands efforts de concentration. le plaisir est cependant à la mesure de l'effort.

Mme de la Fayette y peint admirablement les rudesses de la vie à la cour où il est difficile pour Mme de Clèves de concilier la dissimulation de ses sentiments avec les transports de joie que font naître la vue et la compagnie de l'être désiré ; un être désiré malgré soi avec une inclination irrépressible qui brouille le jugement.

Cependant Mme de Clèves parvient à réfréner sa passion, contrairement au duc de Nemours qui saisit toutes les occasions de se trouver en sa présence, croiser son regard et converser avec elle. Il éprouve ainsi sa résistance et la jette dans des affres vertigineuses. Ne pouvant la fléchir, il dépérit, vit avec un vague à l'âme et finit par ne plus s'intéresser à aucune autre femme.

Le livre est ponctué de moments de grande intensité où l'on tremble pour ces êtres soumis à la rigidité et à la cruauté du fonctionnement de la cour qui, machine implacable, peut broyer en un éclair un gentilhomme ou une dame que la force de sa passion a poussé(e) à découvrir le point le plus vulnérable de son être au risque de se compromettre définitivement.

Mme de la Fayette évite les écueils de la monotonie en entrecoupant son histoire de péripéties savoureuses comme le quiproquo avec le Vidame de Chartres et relate la joute qui fut fatale au roi.

La princesse de Clèves exprime aussi l'obéissance scrupuleuse aux devoirs de la morale religieuse qui font de Mme de Clèves une sainte de la littérature, ce qui confirme qu'il s'agit bien d'un roman.

Cette histoire, vue avec les yeux des lecteurs de ce début de XXIe siècle, peut donner envie de sourire. Il faut pourtant tenir compte de l'époque à laquelle elle appartient. Elle nous permet d'en voir les moeurs tout en faisant vibrer chez le lecteur d'aujourd'hui les fibres immuables de ce qui fait de nous des êtres humains.
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