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Critique de nadejda


Dix personnages de roman qui disent non, chacun à leur manière. Edith de la Héronnière partage avec le lecteur son trouble et son admiration pour ces êtres fragiles et déterminés qui dérangent, réveillent. En rompant les habitudes, ils nous obligent à remettre en question notre façon de voir et sentir le monde qui nous entoure, et souvent nous contraint.

Ces « Trois lettres accolées et le cours des choses s’enraye, les arguments se mettent à bégayer et les discours à bafouiller, les plus belles constructions politiques, idéologiques ou sociales retombent sur elles-mêmes comme un soufflet raté. »

Les cinq premiers non sont ceux de :
L’ Antigone de Sophocle qui refuse le décret de Créon ordonnant de laisser son frère Polynice sans sépulture. Elle désobéit, se dresse face au Pouvoir, « Elle agit selon son coeur »…

Bartleby le scribe de Melville qui à chaque demande de son patron, dans « une résistance passive » objecte son « I would prefer not to » « Je préfèrerais pas »…

Le panache de Cyrano et les « Non, merci ! » qui « rythment sa tirade »
« Ne le plaignez pas trop : il a vécu sans pactes,
Libre dans sa pensée autant que dans ses actes » (Duc de Grammont

Ilia Ilitch Oblomov de Gontcharov dont « le bonheur le plus pur est de rester allongé sur son lit » pour dit-il « donner libre cours à ses sentiments et à son imagination »

Dans « Le silence de la mer » on ne saura pas le nom de l’oncle et de sa nièce qui voit une partie de leur demeure réquisitionnée par les allemands pour un officier Werner von Ebrennac. Le non dans ce texte est « tissé d’un silence extraordinaire » même si des « gestes, des mouvements imperceptibles » montrent qu’un amour passionné « se fraye un chemin dans cette épaisseur basaltique » …

Les cinq non suivants viennent
du beau Morten de Coninck dans « La soirée d’Elseneur » conte tiré des Sept contes gothiques de Karen Blixen
de Montag le pompier dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury
de Zybine dans « La faculté de l’inutile » de Iouri Dombrovski
de Côme le baron perché de Italo Calvino
et enfin d’Ana Non de Agustin Gomez-Arcos

J’ai adoré revisiter des livres que j’avais lu et en découvrir d’autres grâce à l’éclairage et les belles analyses qu’en fait Edith de la Héronnière. « Mais la mer dit non », même si l’on ne lit pas les romans qui ont donné vie à tous ces « désobéissants, rebelles, véritables têtes de mules » qui les habitent et peuvent devenir des amis, peut aussi être simplement un livre de "sagesse", tragique et jubilatoire, offrant de bouleversantes leçons de vie.
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