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Critique de ElsaK


Le camp de Struthof est vraiment un bon cadre pour démarrer le roman. Site « chargé » en images d'horreurs, de tristesse, de noirceurs humaines, cela crée une tension palpable dès les premiers chapitres.
Que l'action se déroule en France (Bas-Rhin et Vosges), dans des petits villages , lui donne un véritable 'plus' que j'ai beaucoup apprécié : lieux isolés, forêt profonde, ce décor est vraiment bien choisi!
Il s'agit d'un journal : Marion , 16 ans est aux premières loges de la catastrophe, et relate ici ses souvenirs.Chef de troupe malgré elle , naïve et et lucide à la fois, elle court pour sauver sa peau en entraînant dans son sillage quelques jeunes de son lycée.
Les événements prennent la couleur de ses émotions, et nous découvrons ses camarades de classe à travers le prisme de ses goûts, de ses préjugés aussi. Elle tente de se remettre en question, d'être le plus juste possible en rapportant les événements, mais elle se laisse souvent déborder par ses préoccupations amoureuses et ses élans de jalousie. C'est une jeune fille assez intolérante qui n'hésite pas à le reconnaître : sa franchise est rafraîchissante. Elle est fonceuse, plus parce qu'elle est écervelée que parce qu'elle est courageuse. La lire, la suivre dans sa fuite , est agréable, souvent drôle, et on sursaute en même temps qu'elle.
Ses compagnons de route sont très excessifs, entiers, presque caricaturaux, et cela m'a un peu gêné au début de ma lecture jusqu'à ce que je « lâche prise » : il s'agit d'adolescents, donc ils sont excessifs et caricaturaux. L'age où l'on « se cherche », où le besoin d'être particulier et original nous fait fatalement ressembler à stéréotype. J'ai pu profiter entièrement de ma lecture quand je m'en suis rendu compte.
L'auteur fait beaucoup de références aux livres, séries télé et films qui forment aujourd'hui notre « univers zombies » . le thème est effectivement très exploité, et j'ai eu peur que ce soit une stratégie pour planter le décor en se reposant sur les connaissances du lecteur, qui aurait juste à faire un pot pourri de ses souvenirs sur le sujet. En fait, cela met en relief la différence entre la fiction et la réalité, différence que notre troupe d'ado se prend en plein visage. Malgré Walking Dead, Land of the Dead, Zombieland et autres, ils sont bien loin de maîtriser le sujet : dépassés, paralysés par la peur, peu sont ceux qui conservent leur sang froid et mettent en pratique leur savoir théorique sur les mort vivants. C'est à la fois désespérant et drôle de les voir se chamailler pour des broutilles touchant aux bonnes manières et à la morale alors qu'ils sont poursuivis par des cadavres affamés de chair humaine. Et même si l'héroïne m'a bien plu, je me suis sentie plus proche du canard boiteux psychopathe qui ne pense qu'à s'armer et à tirer dans la tête des errants : la survie avant tout, faut pas rigoler ! Marion se moque souvent des deux garçons qui « se prennent au sérieux », mais ce sont eux qui sont efficaces et leur sauve la vie plusieurs fois. L'humilité n'est pas une qualité très adolescente, certes !
Mêlez toutes ces émotions exacerbées aux premières 24h d'une épidémie zombie, et ce sera le récit d'une fuite effrénée et plutôt désorganisée, une errance au même titre que celle des cadavres ambulants qui les poursuivent.
Ce rythme soutenu m'a beaucoup plu. J'ai aussi apprécié l'humour des personnages, et leurs réflexions très décalées par rapport à ce qu'ils vivent : c'est si « humain » de se raccrocher à des bribes de normalité quand tout dérape !
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