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Critique de adtraviata


Je viens de refermer ce court roman de 159 pages et j'ai la gorge serrée. C'est une belle histoire d'Indiens cris que Lucie Lachapelle nous conte là, une histoire moderne et éprouvante, mais aussi une histoire heureuse malgré tout. Je me suis dit que j'allais essayer de vous présenter cela sous forme d'abécédaire, avec les lettres des mots Amérindien et cri(s).

A comme amertume et C comme colère, ce sont les sentiments qui dominent au début. le coeur d'Alice est rempli de colère envers ce père qui a sombré dans l'alcoolisme et qui a fini sa vie dans la rue, sur un banc de Montréal, sans plus aucun souci apparent pour sa femme et sa fille, à qui il n'a jamais voulu raconter quoi que ce soit de sa vie dans le Nord, à Mékiskan.

C comme cendres, celles qu'Alice se résout à ramener à Mékiskan, croyant n'y rester qu'une journée. Mais l'accueil un peu rude de Lucy la fait rester une semaine, une semaine au cours de laquelle d'abord, Alice s'interroge, remâche sa colère, observe, se retranche derrière ses certitudes et reste sur son quant-à-soi. Et puis elle va se laisser petit à petit gagner par la sympathie et le courage de Lucy, qui veut célébrer dignement les funérailles d'Isaac. Et les peines, les échecs, les humiliations du passé vont refaire surface.

D comme dénuement et dévastation : ce que les Blancs ont imposé aux Indiens, en les obligeant à vivre dans des réserves, en obligeant les enfants à être éduqués dans des pensionnats français dans lesquels on les éloignait non seulement physiquement mas surtout moralement de leur peuple, en exploitant systématiquement leurs forêts à outrance, en les privant de leurs ressources et en les poussant à des comportements auto-destructeurs. Ou à partir loin, pour tenter d'oublier l'humiliation et la misère.

R comme rêves et comme rituels : les rêves incompréhensibles d'Alice, ceux que lui raconte et lui interprète Lucy, les rêves prémonitoires, les rêves cauchemardesques ou les rêves rassurants. Et les rituels que pratique Lucy, ceux qu'avec Katrin et Walter elle va faire passer à Alice pour la « purifier », pour la relier au monde de ses ancêtres, à ses racines. (Et j'ai beaucoup pensé au Chemin des âmes, de Joseph Boyden !)

I comme initiation, car c'est bien cela qu'Alice va vivre durant cette semaine à Mékiskan, au bord de la rivière. Des rites de passage pour passer de la colère à l'apaisement, de l'amertume à l'acceptation de soi et des autres.

Enfin E comme enfants, car ils jouent un rôle important dans ce roman : victimes du malheur transmis par les adultes, symboles d'une innocence à protéger et à retrouver, mais aussi guides joyeux d'Alice au cours de sa semaine indienne.

J'ai bien aimé ce roman, vous l'aurez compris, même si parfois j'étais un peu gênée par la simplicité un peu trop fruste de la plume de Lucie Lachapelle, et pourtant cette simplicité était nécessaire aussi pour faire passer le message de ce retour aux sources et pour faire passer les émotions sans fioritures.
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